Apologie de crimes terroristes, incitation au meurtre et publication d'écrits faisant l'apologie du terrorisme sont les trois chefs d'inculpation retenus contre Ali Benhadj et qui lui ont valu sa mise sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur (une femme) près le tribunal d'Hussein Dey, a-t-on appris auprès du parquet général près la Cour d'Alger. « Pour l'instant, nous retenons ces chefs d'inculpation en attendant la fin de l'instruction qui pourrait peut-être révéler d'autres accusations. Ces chefs d'inculpation ont été décidés en vertu des articles 41, 87 bis 4 et 5 du code pénal », a déclaré Kadour Berradja, procureur général. Il a expliqué qu'il est question de déterminer si l'exécution des deux diplomates a été décidée juste après les propos de Ali Benhadj sur Al Jazeera. « Ce qui aggravera les accusations. Si c'est le cas, Ali Benhadj tombera sous le coup des articles 254 jusqu'à 261 du code pénal qui prévoient tous la peine de 20 ans de prison », a noté le procureur général. Le n°2 du parti dissous avait, à titre de rappel, déclaré : « En accréditant des ambassadeurs et des diplomates dans un pays sous occupation, (leur) Etat ne fait que légitimer cette occupation, ce qui est inacceptable aux plans de la charia et de la politique. » Plus grave, l'islamiste a carrément « salué les moudjahidine sur le sol de la résistance en Irak, que Dieu les aide à faire face, avec fermeté et détermination, à l'occupant spoliateur, à ses agents et ses acolytes (...) d'autant que l'histoire nous a appris que le jihad et la résistance sont la seule réponse à l'occupation ». Des propos très mal perçus par l'opinion publique algérienne qui était unanime à dénoncer l'acte inqualifiable de l'enlèvement des deux représentants de l'Algérie en Irak. Cette sortie a poussé les services de police à réagir en interpellant Benhadj, mercredi soir, puis en le présentant au procureur près le tribunal d'Hussein dey, samedi matin, soit 48 heures après. Selon M. Berradja, l'arrestation de Benhadj n'a rien à voir avec les mesures additives à sa peine de prison décidées par le tribunal militaire de Blida après son élargissement le 2 juillet 2003. « Il s'agit de nouveaux crimes et un nouveau dossier en dehors des interdictions dont il fait l'objet et qu'il a violées. C'est pour cela que son cas est pris en charge par le parquet d'Alger et non pas par le tribunal militaire... » Le même magistrat a noté, par ailleurs, que la perquisition dans le domicile de Ali Benhadj a été fructueuse puisque, selon lui, « les policiers ont retrouvé des tracts subversifs, faisant l'apologie du crime, dont certains destinés à l'étranger. Les mêmes documents ont été trouvés au domicile du frère de Ali Benhadj. Ce dernier a été mis sous contrôle judiciaire par le magistrat instructeur pour diffusion de tracts subversifs ». Les déclarations de Ali Benhadj ont soulevé l'indignation de nombreux citoyens, même si au fond, elles étaient prévisibles du fait des convictions idéologiques extrémistes de cet ancien responsable du parti dissous. Hier, son chef, Abassi Madani, a voulu corriger le tir en condamnant l'assassinat des deux diplomates en Irak, sans pour autant s'exprimer sur les propos de Ali Benhadj. Une stratégie à laquelle nous ont habitués les dirigeants de ce parti. Lorsqu'un des responsables commet l'erreur de dire ce qu'il ne faut pas dire, l'autre s'empresse de révéler le contraire pour apaiser la colère publique. Force est de croire que les propos de Abassi sur Al Jazeera ne changeront rien au sort de Ali Benhadj qui, désormais, devra retourner en prison. Sur la question de l'éventuelle ouverture d'une information concernant l'enlèvement et l'assassinat des deux diplomates algériens en Irak, M. Berradja a estimé qu'il « est encore tôt pour engager une telle action. Nous ne voulons pas ouvrir une information judiciaire contre X. Nous voulons d'abord avoir les noms des auteurs et pourquoi pas des commanditaires, pour que la plainte soit nominative. De plus, tant que les corps ne sont pas encore trouvés et récupérés, il ne sert à rien d'engager une telle procédure... »