Les appréhensions quant aux intoxications alimentaires se font ressentir davantage durant la saison des grandes chaleurs. Les dernières statistiques sur les infections alimentaires collectives, établies par le ministère de la Santé ne font que rendre plus légitime une telle crainte chez la population béjaouie. Les 700 cas déclarés à Akbou, lors d'une fête religieuse durant l'année 2000, ont été égalés en janvier dernier par 665 cas de contamination à Guendouza, dans la même ville, cette fois suite à la consommation d'eau et de boissons aux qualités douteuses. Mais ces foyers de contamination isolés peuvent-ils affecter le label de la qualité émergeant qui caractérise la vallée de La Soummam ? Les manquements à la réglementation sont-ils importants en termes de proportion dans un ensemble -hôtellerie, restauration, débits de boissons, agro-industrie et commerces- qui, plutôt, participe activement au décollage économique de la région ? M. Mansouri, responsable de Qualilab, un laboratoire privé situé sur les hauteurs de la ville de Béjaïa, est catégorique. « Le tissu agroalimentaire de La Soummam émarge aux premières lignes de la qualité. » Pêle-mêle, il évoquera Ifri, Soummam, Djurdjura, Danone, Almag, Cordial... M. Mansouri, ingénieur dans la branche qualité, se veut encore plus rassurant. « En plus des analyses effectuées en cours de process et sur le produit fini par les propres labos des opérateurs cités, nous (Qualilab est un sous-traitant), nous aboutissons dans la quasi- totalité des cas à la confirmation des résultats sur des échantillons prélevés selon les normes requises. » Notre interlocuteur pointe plutôt le doigt du côté de la commercialisation des produits fabriqués. Le transport et les conditions de vente au détail ne répondent pas parfaitement à la réglementation. « L'exposition au soleil, déconseillée dans les étiquetages, conduit à une hausse exponentielle de la présence tolérée en germes (la tolérance est fixée par l'arrêté interministériel du 24 janvier 1998) », fait-il remarquer. Du côté de la Direction du commerce et des prix (DCP), on rassure également le commun des consommateurs sur les missions systématiques dans les entreprises publiques et privées visant, en plus du contrôle de la qualité, la sensibilisation pour la dotation de laboratoires de suivi. Six laboratoires privés viennent, en plus du Caque, suppléer le contrôle à la production. Au niveau du commerce des produits alimentaires, la DCP est formelle « aucune intoxication n'est à signaler ». Les sorties sur le terrain, effectuées en permanence par une brigade de 40 personne - entre inspecteurs et agents de la direction - permettent d'établir le constat du taux d'infraction le plus bas du pays, selon M. Hammiche, directeur de la DCP. Les quelques poches enfreignant la réglementation sont signalées, notamment au niveau des marchés hebdomadaires et des commerces ambulants. Ainsi, sur 6162 interventions opérées durant le premier semestre 2005 dans des commerces toutes catégories confondues, il est enregistré 1751 infractions. 129 fermetures administratives ont dû alors être prononcées. Les griefs retenus vont du défaut d'hygiène à l'écoulement de produits non conformes. Saisie de marchandises On nous apprend également la saisie de 305 t de marchandises à l'actif de la brigade mixte - inspection vétérinaire, direction des services agricoles et services de la DCP - le lot saisi comprend 16 t de viande rouge et 6258 l de boissons. Cela pour dire la détermination de la DCP à sévir contre les manquements dans une wilaya qui compte pas moins de 33 000 fonds de commerce. On nous fera cependant remarquer la difficile mission de couvrir toute l'activité commerciale du fait de la non- sédentarisation d'une grande partie des commerçants. C'est l'exemple des sandwicheries et poissonniers ambulants. Pour cette dernière activité, M. Hammiche regrettera la mise en veilleuse du projet de la pêcherie de Béjaïa. L'esquisse du bâtiment prévoyait un regroupement des activités de vente en gros et au détail et même une unité de conditionnement du surplus, d'où la facilitation d'un suivi qualitatif. Dans un même ordre d'idées, la construction d'un marché couvert, dans les quartiers à forte densité d'habitation, conduirait à terme au rapprochement client/marchand qui serait incitatif chez le premier à l'exigence d'un rapport qualité-prix et au respect de la réglementation pour le second, puisque encore facilement contrôlable car sédentarisé. La communication en amont de la répression, restant la voie la plus privilégiée, son résultat sur le terrain est encourageant, « malgré quelques récidivistes pourtant pénalisés par le passé ». Une amélioration est perceptible. Est donné l'exemple du poulet éviscéré à l'abattage et qui est devenu une règle admise par les éleveurs parés au travail de sensibilisation fait en leur direction. C'est le cas aussi chez les épiciers de plus en plus rares à étaler lait, pain et boissons sur les trottoirs. La conjugaison des efforts par les acteurs concernés ne demeure pas moins nécessaire si l'on veut parler de protection réelle du consommateur. L'un des acteurs, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) « est sensiblement présente dans l'orientation », déclare son secrétaire de wilaya, M. Hihat. Mais, avouera-t-il à son tour, « la mission est très complexe, vu notamment le caractère nomade de certains fast-food, poissonniers et marchands de fruits et légumes ».