Tifour et sa famille sont toujours en vacances à Aït Voutchour, pittoresque petit village de Grande Kabylie, où les jours sont aussi longs qu'une plate-forme non négociable et les nuits aussi chaudes qu'un foyer de contestation. Les premiers jours, l'installation a été un peu rude dans la pittoresque maison et Nadia, la femme de Tifour, a dû brûler du bois pour faire à manger. Humant l'odeur, un voisin était d'ailleurs venu et avait gentiment proposé : Si vous voulez un bon feu, on peut brûler la mairie. Nadia, opposante de nature mais pacifiste de conviction, avait gentiment répondu : Une bouteille de gaz nous suffirait. C'est ainsi que le voisin, accompagné de Tifour, est parti chercher une bouteille de gaz, non sans s'arrêter dans quelques pittoresques débits de boissons au goût du terroir. Au retour, en bonne maîtresse de maison, Nadia avait proposé au voisin serviable : Vous voulez rester dîner avec nous ? C'est que j'ai une émeute ce soir, dans un village pas loin d'ici, a expliqué un peu gêné le voisin. Nadia n'a pas insisté. Anis par contre, l'aîné des enfants, a demandé : S'il te plaît maman, je peux y aller ? Nadia a été intransigeante. Pas d'émeute. Même si le voisin a cru bon insister : Vous savez, ce n'est pas dangereux. Ce sont de vieux gendarmes, on les connaît. Ils tirent très mal. Tifour aussi a été catégorique : Les émeutes, c'est pas pour les enfants. Si vous êtes sages, ce soir, on ira la voir du haut de la colline. C'est ainsi qu'après un bon dîner au feu de gaz, Tifour et sa famille sont sortis pour monter sur la colline dominante afin d'admirer le feu d'artifice. Comme prévu par les organisateurs, l'émeute a commencé à 21h précises, sans attendre les retardataires. C'est pour quoi l'émeute ? a demandé Nadia. Pour le gaz, je crois, a répondu Tifour, très au fait de l'actualité locale depuis ses visites dans les bars de la région. Il n'y a pas de gaz ? Si. Mais un jour, il n'y en aura pas. A suivre