Les vacances continuent à Aït Voutchour pour Tifour et sa famille. Dans ce petit village pittoresque de Kabylie où ils ont atterri par manque de moyens, tout a l'air aussi simple que difficile. Tifour est allé chercher une bouteille de gaz, sa femme Nadia trouvant ridicule de brûler le rare mobilier de la maison pour faire du feu. Et c'est en allant chercher du butane que Tifour s'est retrouvé par accident dans un bar. A commander du gaz. Une bouteille de gaz ? a ri le serveur en claquettes jaunes. Oui. Sans rien dire, en glissant vers le comptoir, le serveur est parti puis est revenu, posant une bouteille de bière sur la table. Y a du gaz dedans, s'est-il contenté de dire. Tifour s'est retrouvé désorienté. Sa femme Nadia qui l'attend à la maison, avec le gaz. Comme s'il avait deviné les pensées de Tifour, un jeune homme assis à côté de lui a levé son verre dans sa direction : C'est les vacances !! C'est comme ça que Tifour s'est laissé aller au jeu. En discutant en anglais avec son voisin de table, il a compris que ce dernier était en vacances toute l'année, entre deux émeutes. Ce n'est que le soir tombé que Tifour a regagné la maison en chantant en anglais « Je suis léger comme un gaz », un tube d'Idir Maïdir, célèbre troubadour de la région selon son voisin de table. Tifour est rentré sans gaz bien sûr mais avec un fagot de bois qu'une vieille femme de passage lui a donné en échange d'une carte Djezzy. Tu savais qu'ils parlaient tous anglais ici ? a-t-il tout de suite dit à sa femme, la voyant furieuse devant la porte. Où étais-tu ? Tifour a haussé les épaules. C'est les vacances, a-t-il murmuré en manquant de tomber dans une bassine remplie d'eau de pluie. C'est en rentrant que Tifour a senti que quelque chose manquait dans le décor. Où sont les enfants ? Nadia a marqué un silence, puis a lâché : Partis à la chasse au sanglier. Faut bien manger. A suivre