Pour la cinquième journée consécutive, la canicule continue à faire des ravages dans les Ziban. Selon les services de la météo, elle serait due à l'anticyclone subtropical qui s'est durablement installé sur le nord du Sahara ; il y fait régner des températures infernales : 38°C, hier, à l'ombre et ce dès 6h. La météo ajoute, par ailleurs, que selon ses prévisions les plus optimistes, il n'y aura de changements qu'à partir du milieu de cette semaine. Tirée sans ménagement de la fraîche torpeur qu'elle croyait perpétuelle, la ville est groggy par la fournaise. De plus, le chergui venu du Sud calcine les feuilles des arbres, particulièrement celles des ficus, l'arbre à ombre par excellence que les Français ont réussi à acclimater dans les Ziban et qui orne les avenues et les parcs de la ville. Ses feuilles pourtant persistantes jonchent le sol et se ramassent à la pelle. Quant à la récolte de dattes, elle serait compromise selon les fellahs qui, il est vrai, n'ont pas été gâtés par Dame Nature cette année. Ils vous font un inventaire de griefs à la Prévert, ce fut d'abord les criquets pèlerins, sans foi ni loi, venus de nulle part et qui ont fini par retourner d'où ils sont venus, non sans avoir causé des dégâts considérables aux cultures, aux arbres fruitiers et même aux palmiers, surtout les plus jeunes et les plus exposés. Ensuite, c'est autour du boufaroua de menacer sérieusement la récolte de dattes ; un boufaroua qu'on n'a pas traité à temps, et faute de temps, « parce qu'on était occupé à éradiquer les derniers djrad ettayar ». Ne voilà-t-il pas que le coup de grâce est asséné, maintenant, par la canicule et sa kyrielle de chocs thermiques qui brûlent les stomates des fruits - l'équivalent pour la datte, des pores de la peau humaine - et les réduisent à l'état de « hechfa », dattes sèches rabougries, de méchant aspect et, qui plus est, impropres à la commercialisation, juste bonnes à servir d'aliment de bétail. Le dattier a beau être un arbre résistant, il en a par-dessus les palmes, cette année ! Maigre consolation, le ciel n'a pas été avare et l'eau n'a pas manqué ces derniers 24 mois.