Forte d'environ 4000 agents, la corporation des facteurs rend d'inestimables services à la société algérienne. Son ancrage dans le vécu quotidien des citoyens est largement conforté par la présence de bureaux de poste auxquels ils sont rattachés à travers tout le territoire national. C'est par son intermédiaire que parviennent les nouvelles (lettres, messages, relevés de comptes, etc.), mais aussi les mandats qui constituent, dans certains cas, le seul moyen de survivance (pensions des personnes âgées) et les très attendus colis. Il faut savoir gré à nos facteurs d'avoir convenablement accompli leurs missions en dépit des conditions de travail difficiles exacerbées par l'insécurité qui a prévalu à travers tout le pays durant plus de dix années. La distribution du courrier jusqu'aux endroits les plus reculés et dangereux du pays ne s'est pas faite sans difficulté, bon nombre de facteurs ayant subi des agressions et des menaces qu'ils ont courageusement bravées. Au plus fort des années de terrorisme, les citoyens continuaient à recevoir leur courrier à quelque endroit du pays où ils se trouvaient. La création en janvier 2002 d'Algérie Poste est vécue positivement par la corporation des facteurs qui ont vu leur situation socioprofessionnelle et leurs conditions de travail quelque peu s'améliorer : des augmentations de salaires ont en effet été consenties, de nouvelles tenues de travail octroyées et leurs effectifs renforcés. Autant de gestes qu'ils ont appréciés, mais encore insuffisants au regard de certains agents qui réclament avant tout une meilleure politique de communication à leur égard. Des contacts périodiques avec les cadres dirigeants, disent-ils, sont indispensables, notamment en cette pleine phase de réforme qui requiert des informations sur les nouveaux modes d'organisation et de gestion des services induits par la restructuration du secteur postal. Interrogés sur les obstacles auxquels ils se heurtent au quotidien, nos interlocuteurs étaient unanimes à classer au premier rang de leurs difficultés : l'imprécision des adresses et l'écriture illisible sur les envois condamnant au rebut des quantités importantes de lettres, la dégradation, voire l'absence totale de boîtes aux lettres, obligeant le facteur à en référer à des connaissances pour trouver les destinataires des courriers, la disparition des concierges qui facilitaient le travail des facteurs en portant eux-mêmes le courrier aux résidents de l'immeuble ou de la cité, les changements d'adresses non signalés et enfin le danger que leur font subir les chiens non dressés et les fous dangereux. Les facteurs capitalisant de nombreuses années d'expérience déclarent accueillir avec satisfaction l'injection de jeunes recrues, parmi lesquelles, pour la première fois dans l'histoire de la corporation, des femmes qui du reste accomplissent merveilleusement leur travail. Ils déplorent toutefois l'absence de politique de formation, celle-ci se réduisant à une formation sur le tas au contact de facteurs expérimentés. Interrogés sur les retombées du courrier électronique en plein essor sur l'activité postale traditionnelle, nos interlocuteurs estiment n'avoir rien à craindre du fait de l'essor tout aussi considérable du courrier postal induit par le développement des activités bancaires (envoi de 800 000 relevés de comptes par jour uniquement pour le service CCP), les télécommunications (factures de téléphones fixe et mobile), le secteur des affaires et, bien entendu, les correspondances courantes encore très importantes. La présence d'agences postales aux endroits les plus éloignés du pays fait du facteur un agent irremplaçable.