Mieux vaut tard que jamais, diront certains. Très peu, trop tard, rétorqueront d'autres. Toujours est-il que le Premier ministre britannique Tony Blair a annoncé, hier, une série de lois destinées à expulser les étrangers qui encouragent le terrorisme. Lors d'une conférence de presse, Tony Blair a indiqué que le Royaume-Uni peut d'ores et déjà exclure ou expulser ceux qui sont considérés comme une menace pour la sécurité du pays. Il a ajouté que le but des nouvelles lois est de sévir contre ceux qui incitent au terrorisme. A cet effet, le Premier ministre a fait savoir qu'il était prêt à amender les lois sur les droits de l'homme afin de faciliter les expulsions. La réaction ne s'est pas fait attendre de l'organisation des droits civiques Liberty qui a affirmé que ces nouvelles lois constituent une attaque frontale contre les droits de l'homme et mettent en danger l'unité nationale. Son directeur, Shami Chakrabarti, a déclaré : « Il semble qu'il (Tony Blair) ne soit plus un défenseur ardent des droits de l'homme. Il parle fortement d'expulsion de personnes qui risquent la torture à travers le monde ; c'est inacceptable et c'est faire le jeu des terroristes. » Dans sa conférence de presse, le Premier ministre britannique a déclaré que l'hospitalité de son pays a fait l'objet d'abus par des gens « qui doivent savoir maintenant que les règles du jeu vont changer ». Parmi les mesures planifiées, Tony Blair a indiqué que des demandes d'asile politique de la part de gens impliqués dans des activités terroristes seraient rejetées. Il a indiqué que les Britanniques sont tolérants, mais que cette tolérance « ne doit pas faire l'objet d'abus de la part d'une minorité de fanatiques ». Les nouvelles lois prévoient des dispositions pour expulser les personnes qui prêchent la haine ou incitent à la violence. Des accords seront également signés avec d'autres pays afin de s'assurer qu'une fois expulsées vers leur pays d'origine, ces personnes ne seront pas torturées et ne subiront pas de mauvais traitements. Le Home Office (ministère de l'Intérieur) procédera à l'expulsion de toute personne étrangère dont le nom se trouve dans des librairies, centres, organisations ou websites islamistes qui prônent l'extrémisme. La justification et la glorification du terrorisme n'importe où dans le monde seront considérées comme une offense. Un refus systématique de l'asile politique sera communiqué à toute personne qui a eu affaire au terrorisme. Par ailleurs, des limites seront établies dans les procédures d'extradition vers d'autres pays. Tony Blair a cité, à cet effet, le cas de l'argentier du GIA, l'Algérien Rachid Ramda, recherché par les autorités françaises pour son implication dans les attentats terroristes contre le métro parisien en 1995, et qui se trouve toujours en Grande-Bretagne en attente d'être extradé vers la France. La police aura les pouvoirs de détenir des suspects terroristes pour des périodes plus longues, avant qu'ils ne soient remis à la justice. Une liste d'imams étrangers sera dressée afin de leur refuser l'entrée en Grande-Bretagne, tandis que les lieux de culte qui prêcheront l'extrémisme seront fermés.