Trois personnes ont été assassinées par balle, mardi soir, dans une attaque d'un groupe islamiste armé à Aïn Romana, une localité située à une vingtaine de kilomètres de la ville de Blida. Aïn Romana était considérée comme un ancien fief du Groupe islamique armé (GIA) démantelé par les services de sécurité en janvier, mais dont il reste quelques groupuscules incontrôlés. Il était 21h30 lorsque des rafales ont retenti et ont ôté la vie à trois personnes. « On nous a appelés la nuit pour constater les faits et reconnaître les corps. L'armée ne nous avait pas laissés nous approcher », dira un membre de la famille de l'une des victimes. Les trois personnes assassinées ont été surprises du côté de la nouvelle cité RHP. Abdelouahab Guiroud, Mahfoud Chenoufi et Tahar Meguenni, les trois victimes, se connaissaient et avaient l'habitude de rester ensemble après la prière de l'Icha. « Ils étaient toujours ensemble », raconte un habitant du quartier. Les auteurs du massacre étaient, selon des témoignages, au nombre de quatre. Ils feraient partie d'un groupe islamiste armé, composé de huit éléments encore en activité dans les montagnes du Djebel Sidi Abdelkader. Les assassins sont, mentionne-t-on, venus à pied par la forêt de Talabelbana se trouvant à seulement 20 m de la nouvelle cité RHP. Cette forêt donne sur Sidi Abdelkader, un des versants de la montagne de Tamezguida. Mahfoud Chenoufi, mécanicien, était père de trois enfants. Tahar Meguenni, père de cinq enfants, travaillait dans une fabrique de tabac à chiquer à Boufarik. Abdelouahab Guiroud, 43 ans, était, quant à lui, enseignant dans le cycle primaire. Il a laissé derrière lui quatre filles. Le massacre de ce mardi aurait pu être davantage plus grave si un patriote n'était pas intervenu, avant l'arrivée l'arrivée de la garde communale puis des forces combinées. La triste nouvelle de l'assassinat a suscité la colère et la réprobation de tous les habitants de la localité de Aïn Romana. L'enterrement des trois victimes s'est déroulé hier dans une douleur indescriptible. Il faut dire que les souvenirs du dernier massacre sont encore vivaces de trois femmes dans l'enceinte même du cimetière, près du mausolée de Mohamed Cherif en janvier dernier. Les séquelles du cauchemar sont encore apparentes dans le corps d'une femme qui a eu miraculeusement la vie sauve. Celle-ci s'est toutefois vu amputer d'un membre inférieur. Le jeune orphelin, âgé de trois ans, qui venait de quitter les bras de sa mère Ghania, morte dans la déflagration d'une bombe, sera lui aussi traumatisé à vie. Le massacre de janvier faisait lui-même suite à l'abattage de cinquante bêtes par le même groupe terroriste qui était alors composé d'une vingtaine de personnes. Le but des sanguinaires était de décourager le retour des propriétaires des terres de la région. Des témoignages font état, par ailleurs, du vol des portables de deux des trois victimes. Les terroristes les auraient même utilisés pour menacer les familles des victimes : « Nous savons que vous êtes en pleurs, mais c'est la fête chez nous et votre tour viendra », auraient dit les assassins. A signaler que cette attaque survient deux jours après l'annonce par le président Bouteflika d'un référendum pour le 29 septembre sur un « projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale » qui promet notamment le pardon aux islamistes armés non coupables de crimes de sang et de viols.