Des indiscrétions ont fait état ces derniers jours de la venue d'Ouyahia à Ifri, mais rien ne semble pour l'heure conférer de la consistance à cette éventualité. Ce week-end promet d'être riche en activités politiques. Le Front des forces socialistes (FFS) et le mouvement des archs de Kabylie ont décidé d'occuper le terrain à Alger et en Kabylie. Les deux acteurs se livreront aujourd'hui un duel à distance. Alors que le FFS organisera un meeting populaire à la salle Rouiched d'Hussein Dey, les archs animeront une rencontre à la salle Ibn Khaldoun, à Alger. Le FFS, qui s'est inscrit dans la contestation depuis la promulgation du décret présidentiel portant dissolution des APC élues en Kabylie, a programmé un chapelet d'actions de protestation. Selon Ali Laskri, premier secrétaire national du parti, le rendez-vous d'aujourd'hui sera consacré au débat sur la situation en Kabylie, l'actualité nationale, notamment le projet de réconciliation nationale dont les contours ont été révélés, dimanche dernier, par le président Bouteflika. Le FFS, selon notre interlocuteur, a prévu également d'autres activités pour célébrer l'anniversaire du congrès de la Soummam (20 août 1956). Sur ce sujet, le parti organisera deux conférences vendredi. La première sera animée au Centre international de presse (Alger) par l'ex-chef du gouvernement Mouloud Hamrouche et l'autre à Béjaïa et sera donnée par l'avocat Hocine Zehouane. Depuis la marche historique du 14 juin 2001, le mouvement des archs n'a pas été autorisé à activer dans la capitale Mais, semble-t-il, depuis l'enclenchement du dialogue avec le gouvernement en janvier dernier, ce mouvement n'est plus persona non grata à Alger. La preuve : les archs organiseront un meeting populaire au cœur d'Alger. La conjoncture et le thème sont favorables. Ce rendez-vous sera l'occasion, selon Belaïd Abrika, animateur de ce mouvement, de faire le point sur le dernier round de dialogue les ayant réunis, jeudi dernier, avec le chef du gouvernement. Ayant tenu dans le secret les résultats « satisfaisants » de ce dialogue, les archs vont enfin les communiquer en public. « Nous sommes sur la bonne voie. Nous allons terminer le dialogue dans un mois », a réaffirmé, hier, Belaïd Abrika. Le meeting d'aujourd'hui sera animé, outre les membres de ce mouvement, par Si El Hafidh, ex-militant du FFS et le journaliste Hafnaoui Ghol. Les intervenants vont revenir, selon notre interlocuteur, sur la situation politique nationale et, probablement, sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. La direction nationale du FFS et de nombreux militants du parti devraient se retrouver ce samedi sur les lieux de la tenue du congrès de la Soummam pour un rassemblement qui se veut une commémoration solennelle de la date historique, mais aussi une sortie politique qui renseignera sur les intentions du sigle dans le contexte politique actuel. Comme l'année dernière à la même date, les militants investiront l'esplanade du Musée d'Ifri, et un message rituel de Hocine Aït Ahmed, rédigé pour l'occasion, sera sans doute lu à l'assistance. Pèlerinage à la Soummam Le débat au sein de la formation concernant une éventuelle participation aux élections, qu'elles soient partielles ou générales, serait actuellement plus serein. Selon certains cadres, les ressentiments et autres réactions entières des militants aux lendemains de la mise en application de la décision de dissolution céderaient donc la place à une attitude beaucoup plus portée sur la nécessité de ne pas « lâcher du terrain en faveur des soutiens du pouvoir qui pourraient tirer profit du boycottage électoral ». D'autant que, analyse-t-on, rien ne dit que les élections ne seront pas générales si elles venaient à ne pas être tenues avant la fin de l'année. Un point de vue qui n'est pas propre à l'entourage du FFS et qui s'alimente, par ailleurs, de supputations quant à une possible dissolution des assemblées au niveau national, y compris l'APN, et ce, dès janvier prochain. Sur un autre plan, et subodorant une volonté du Président de s'offrir un nouveau plébiscite via le référendum annoncé, le FFS semble avoir déjà tranché en faveur d'une campagne pour le « non », du moins selon les dernières déclarations de son porte-parole à la presse. Un discours pratiquement aux antipodes de celui du FFS devra être développé par les animateurs des archs qui, à leur tour, comptent bien faire un pèlerinage du côté d'Ifri, à l'occasion de 20 août. Euphoriques, Abrika et ses pairs, qui tiennent un meeting face au siège de l'APC d'Ouzellaguen, le chef-lieu communal, devraient encore une fois défendre la dissolution des assemblées locales comme une victoire du mouvement. Au demeurant, de nombreuses « coordinations locales » du mouvement, du moins ce qui en reste, se sont empressées de déclarer leur soutien aux fonctionnaires installés aux commandes des APC, dans une démarche pour laquelle ses initiateurs ont œuvré à médiatiser et dont le sens reste une énigme pour de nombreux observateurs de la scène politique locale. Les mêmes animateurs pourraient profiter de l'occasion pour dire tout le bien qu'ils continuent de penser du dialogue, et dont le dernier épisode avec le chef du gouvernement a confirmé le non-recours au référendum concernant l'officialisation du tamazight. Un engagement qu'on connaissait déjà. La manifestation a, en l'occurrence, valeur de test pour les représentants du mouvement, de plus en plus interpellés sur leur représentativité, qui plus est dans une localité qui a toujours gardé ses distances avec la structure des archs. Des indiscrétions ont fait état ces derniers jours de la venue d'Ouyahia à Ifri mais rien ne semble pour l'heure conférer de la consistance à cette éventualité. Madjid Makedhi, Salah Slimani