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ITV-Reportages sur Khaled et Rachid Taha
Roots : la route du raï
Publié dans El Watan le 22 - 08 - 2005

On savait que le raï avait conquis le monde. Quand Khaled, Mami, cheïkha Rimiti, Rachid Taha et autres grosses cylindrées de cette musique se produisent à Londres, il est conseillé d'acheter son billet des semaines à l'avance si on veut être de la fête. Mais, après avoir écouté d'éminents spécialistes britanniques disséquer cette musique de l'Ouest algérien, on a envie de l'écouter d'une nouvelle oreille, de la sentir avec de nouvelles pulsations, de la danser avec un nouveau corps. On découvre, en effet, de nouveaux sons, de nouvelles sensations, des airs que l'on croyait avoir assimilés, mais que l'on redécouvre sous un aspect nouveau.
Des mélodies ou des rythmes qui soudainement nous donnent la mesure de la richesse musicale, émotionnelle et rythmique de cette musique bien de chez nous et qui voyage en première classe. Pendant une heure, une équipe de la chaîne de télévision britannique ITV a suivi Khaled à Oran et Rachid Taha à Paris. Le résultat est un excellent documentaire sur l'origine du raï et « ce qu'il apporte de nouveau à la musique pop » qui a été diffusé à deux reprises dans l'émission à fort taux d'écoute « South Bank Show ». Charlie Gilett, critique de musique de la BBC, spécialiste de la World Music, imprésario, estime que Khaled « est le genre de chanteur qui apparaît une fois tous les 50 ans. Pour nous, ici en Grande-Bretagne, les Beatles étaient l'équivalent de Khaled. Il n'y a eu personne d'autre depuis l'avènement des Beatles, en dépit de ceux qui se sont efforcés de lancer sur le marché le groupe Take That, ainsi que d'autres groupes du même genre. Il n'y a personne qui a, en quelque sorte, représenté tout le pays comme l'ont fait les Beatles, comme Elvis l'a fait en Amérique, et Khaled le fait non seulement pour l'Algérie, mais également pour tout le Nord africain là où il vit actuellement ». De son côté, Robin Denselow, critique de musique de télévision et du quotidien The Guardian, note que « l'importance de Khaled, vraiment, c'est qu'il a quitté l'Algérie pour la France, en prenant comme bagage sa musique qu'il a mélangée à des styles occidentaux, et ce faisant, il a transformé l'ensemble de la musique française. Il a créé Didi qui était un mélange de raï algérien, une musique de bergers à l'origine, avec un tempo occidental, guitare, un peu de R&B. Cela a complètement bouleversé la France et l'Europe entière. Didi est devenu un best-seller. En devenant populaire en France, Khaled s'est acquis une notoriété immense en Algérie, car il a, en réalité, conquis ce qui était la puissance coloniale ». Et l'on voit Khaled déambuler dans les rues d'Oran, suivi d'un groupe de jeunes qui scandent : « Khaled, Khaled ». Steve Hillage, critique de musique, imprésario en ancien membre des Pink Floyd et Tomorrow, estime que Khaled « a une voix en or. Ses chansons s'adressent aux petites gens. C'est pour ça qu'il est devenu l'ambassadeur de cette musique. C'est pour cette raison qu'il a été, et qu'il reste, le roi du raï. Chapeau bas. Il y a quelque chose de très spécial dans sa voix et dans la façon dont il chante. Il incarne cette qualité spéciale de la musique arabe. Certains utilisent le mot Tarab pour la décrire. C'est ce mélange d'émotion et de tristesse ».
London Calling
Pour illustrer cette description, l'on voit Khaled sur scène à Londres chanter Aïcha qui est reprise en chœur par des centaines de fans dans une des salles de spectacle de la capitale britannique, dans une ambiance aux couleurs tamisées, des briquets allumés. Ensuite, la caméra suit Khaled dans son quartier d'enfance, entouré de jeunes, qui explique ses premiers pas dans la musique et parle de sa ville et de ses traditions musicales. Brian Eno, maître de la musique électronique britannique, le père de la « musique d'ambiance » et producteur de disques, indique : « J'ai toujours aimé la musique algérienne. En fait, j'ai commencé à utiliser certaines de ses idées dans ma propre musique, certaines des mélodies, complexes et longues, qui caractérisent cette musique. J'ai aussi repris quelques-uns des sentiments rythmiques. Mais (contrairement à Sting qui a travaillé avec Mami), je n'ai, en fait, jamais travaillé avec un chanteur arabe. Cela est dû, en partie, au fait que la plupart des chanteurs que j'ai écoutés semblaient être enracinés dans leurs propres traditions. Il n'y avait pas la possibilité de construire un pont avec eux. Par contre, Rachid Taha avait déjà traversé la moitié du pont ». Et là, on voit Rachid dans son appartement parisien chanter Barbes avec son groupe. Et c'est le trajet musical en France de Rachid, notamment ses débuts avec Carte de Séjour, qui est retracé à travers ses randonnées dans les rues de Paris et ses haltes dans le bar qu'il fréquente. Brian Eno explique que « tandis que nous avons essayé de susciter l'intérêt pour notre musique par l'harmonisation, ils l'ont fait par la couleur, le changement de couleur, plus précisément, qui joue la ligne à l'unisson. C'est une idée très forte pour une musique populaire. ça ressemble en fait à ce qui a caractérisé une grande partie de la musique blues à ses débuts. Je pense que ce retour du blues sous la forme de musique arabe est le bienvenu, car cela signifie l'introduction d'un paysage mélodieux beaucoup plus complexe et intéressant que celui auquel nous avons été habitués. Je sais que ce que je dis là est très technique. Mais ce que je veux dire, c'est que cette musique a quelque chose à nous donner qu'on n'a pas en ce moment ». Et de nouveau, la caméra nous emmène à Paris où Rachid entame sa chanson Voilà voilà que ça recommence. Brian Eno, toujours à propos du raï, indique que « une des choses qui est frappante dans cette musique, c'est qu'elle a encore cette énergie et une confiance que l'on ne retrouve plus dans la grande majorité de la musique occidentale. Cette confiance vient de l'idée que la musique peut changer le monde. Rachid est une personnalité culturelle, une élément culturel, et ce qu'il entreprend fait partie d'une cause. Cette cause n'est pas simplement politique. C'est quelque chose qui fait bouger les musiciens, comme l'oppression et le droit à l'auto-détermination. La musique de Rachid est intrinsèquement politique, c'est une musique à thème. C'est la musique de la rue arabe ». Retour vers Khaled et le quartier des Planteurs à Oran où il dit avoir appris la musique marocaine, espagnole, judéo-arabe, où tout « le monde vivait en convivialité ». Steve Hillage commente à propos de la musique du King du raï que « pour moi, Khaled représente tout ce que j'ai aimé et qu'on ne retrouve plus dans la musique noire américaine, le style soul, l'émotion. Je sais que je ne suis pas le seul à ne pas comprendre un mot de ses chansons. Mais nous sommes heureux d'écouter la voix, l'émotion, la force et les mélodies que dégagent les chansons de Khaled. Et Khaled est très fort dans ce registre ; la manière dont il conduit tout cela. Il peut travailler sur plusieurs registres de tempo. Il peut chanter de manière agressive sur un rythme ; il n'y a rien qu'il ne puisse faire avec sa voix ». Retour à Oran avec un crochet chez l'un des pionniers de la musique oranaise. J'ai nommé Blaoui Houari, un des précurseurs de ce qui deviendra plus tard le raï moderne. La caméra s'invite chez le vieux pâtre de la chanson bedouie qui reprend avec Khaled la chanson El H'mam. Le vieux Houari, de sa voix douce et rauque en même temps, les cheveux et les sourcils tout de blanc dit « c'est une chanson d'amour, c'est une chanson symbolique qui demande la paix ». Khaled, tous rires dehors, estime qu'« il est temps de ronronner un tout petit peu ». Blaoui Houari ne laisse pas passer l'occasion et corrige : « On va roucouler. »
1, 2, 3... soleil !
Le duo entame alors la chanson El H'mam, et là, chapeau bas au vieil Oranais qui surclasse son disciple par la maîtrise d'une voix certes tremblante, mais en même temps majestueuse et imposante, qui n'a rien perdu de sa verve et de sa vitalité. De la maison de Blaoui Houari, la caméra nous transporte de nouveau vers Paris où l'on voit, sur un clip, Taha entamer sur scène la chanson Rock the Casbah du groupe britannique de punk, Clash, version Rachid, qui avait fait fureur lors de sa sortie. Steve Gilett indique que dans son dernier album, Taha « a refait Rock the Casbah. C'est très spirituel et très intéressant », avant de reconnaître : « Et permettez-moi de dire que j'aime mieux la version Rachid que celle des Clash. » Revenant sur la musique raï en général, Robin Denselow avoue : « Je pense que ce que le raï a fait, c'est de donner une voix à l'Afrique du Nord dans un domaine où elle ne s'attendait pas du tout à avoir une voix. Il a donné une voix au monde arabe, à l'Islam, aux pays musulmans, à un moment où un grand nombre de pays arabes et musulmans, se sentent menacés après les événements du 11 septembre. Et voila des chanteurs qui s'installent en France et font connaître cette musique à un très grand public. C'est très important pour le monde arabe avec les temps qui courent ». L'honneur de conclure revient à Rachid, dans son appartement parisien, qui chante Ya rayah, le tube sur lequel le monde entier a dansé. Repose en paix khouya Dahmane !


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