Dans un entretien accordé, hier, à notre confrère de l'Expression, le président de la République arabe sahraouie (Rasd), Mohamed Abdelaziz, est revenu sur les circonstances dans lesquelles ont été libérés, le 18 août passé, les 404 derniers prisonniers marocains détenus par le Front Polisario. « C'est au début du mois de mai dernier que le secrétariat national s'est réuni en session extraordinaire pour examiner la situation prévalant sur le front politique et essayer de prendre des décisions en mesure de débloquer la situation (...) C'est là que nous avons pensé à la mesure d'élargissement en faveur des prisonniers marocains », a souligné d'emblée le président de la RASD. M. Abdelaziz a précisé, toutefois, que « cette décision devait en principe être rendue effective à l'occasion de la commémoration du 32e anniversaire de la création du Polisario ». Selon lui, plusieurs paramètres ont concouru dans le choix de cette décision. « Il y a d'abord, a-t-il expliqué, le peuple marocain frère (...) De plus en plus, de larges pans de la société marocaine ne partagent pas l'occupation de mon pays, comme d'ailleurs de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les assassinats commis contre le peuple sahraoui, surtout depuis le début des manifestations pacifiques dans les villes et territoires du Sahara occupé. » A cela, a t-il ajouté, « se sont joints les appels de nos amis et des personnalités internationales qui ont appelé au respect de la légalité internationale et à la tenue du référendum d'autodétermination ». M.Abdelaziz cite, en outre, les démarches des pays amis, des organisations et des personnalités qui n'ont pas manqué de soulever le cas de ces prisonniers marocains détenus par le Front. Le président de la RASD, qui a salué au passage cette « action humanitaire », a tenu, cependant, à dénoncer la répression qui s'abat sur le peuple sahraoui. « Il y a lieu d'attirer l'attention de tous, et en premier lieu le président américain et le peuple marocain, sur la situation grave et dangereuse que traverse le peuple sahraoui, notamment dans les territoires occupés principalement depuis le début des manifestations pacifiques. » Selon M. Abdelaziz, une sévère et inhumaine répression s' abat quotidiennement sur son peuple. « Nous avons recensé 33 détenus et parmi eux une jeune femme, Amitanou Haïder, défenderesse des droits de l'homme. Leurs jours sont en danger. Ils sont détenus dans des prisons d'El Ayoun, d'Agadir et ailleurs », a-t-il révélé. Le Polisario qui n'arrête pas, aux dires de son chef, de faire des gestes de bonne volonté, s'expose, en retour, à la guerre, à l'occupation, à la répression et la fermeture du Sahara occupé devant les observateurs internationaux. Le président de la République sahraouie en appel à une « meilleure implication », surtout de la part des américains, dans le règlement définitif du dossier sahraoui. « Il se peut qu'aux yeux du président Bush et de l'administration US, l'on se pose des questions. Ils vont certainement mettre dans la balance cette libération de plus de 400 prisonniers (...) Cela aura, sans doute, des retombées sur la politique extérieure US et l'on peut s'attendre à une meilleure implication de Bush dans le conflit. » M. Abdelaziz a affirmé, par ailleurs, que la décision de la libération des prisonniers marocains a été prise « sans conditions et sans aucune contrepartie, et ce, dans le strict cadre humanitaire ». Le jour de la libération des 404 détenus marocains, faut-il le rappeler, le président de la RASD avait précisé que « ce gage de bonne volonté du gouvernement sahraoui devra payer en retour ». Au sujet des derniers développements qu'a connus le régime politique en Mauritanie, le président sahraoui a affirmé avoir reçu de la part des nouveau dirigeants mauritaniens l'assurance de « la continuité des relations » entre les deux pays. Le président de la RASD a saisi cette occasion pour rendre hommage, entre autres, à l'Algérie tout en souhaitant la fin du conflit avec le Maroc pour que la paix puisse régner au Maghreb.