Quatre prisonniers de guerre marocains se sont évadés, dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, des prisons des camps des réfugiés du Front Polisario à Tindouf, où ils étaient détenus, pour certains, depuis 1987, pour regagner le Maroc, a affirmé, hier, l'Agence officielle marocaine (Map). Contacté par nos soins le même jour, le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Salem Ould Salek, a confirmé cette évasion, estimant que « c'est un phénomène normal comme dans toute guerre ». « Ce n'est pas la première fois que des prisonniers de guerre se sont évadés des deux côtés comme dans toutes les guerres », a-t-il ajouté. Il reste que cette évasion intervient cinq jours après l'annonce du président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, au quotidien Le Monde de la prochaine libération des 408 prisonniers de guerre marocains encore détenus à Tindouf. Annonce à laquelle a réagi le Maroc par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, la qualifiant de « manipulations à des fins propagandistes ». Mohamed Salem Ould Salek, interrogé à propos de la réaction marocaine, s'est dit étonné que « le gouvernement marocain se réfère au droit international au moment où il viole et transgresse les principes les plus élémentaires de ce même droit international dans le dossier du Sahara-Occidental, notamment le droit des peuples à l'autodétermination, l'inviolabilité des frontières héritées de la colonisation et la souveraineté permanente des peuples sur leurs ressources naturelles ». En plus, selon le ministre, le Maroc commet depuis 1975 au Sahara-Occidental des crimes contre l'humanité. Ainsi cite-t-il les cas de disparitions forcées, le viol des femmes, la torture permanente, l'édification d'un mur qui partage les populations du Sahara-Occidental et l'isolement du peuple du monde extérieur. M. Ould Salek fait deux observations concernant la question des prisonniers. La première est, selon lui, « le Maroc niait au début l'existence des prisonniers marocains parce qu'il minimisait ses débâcles militaires au Sahara-Occidental ». « Il n'a reconnu l'existence de ces prisonniers qu'en 2000. Il a même refusé le retour de ses prisonniers à leurs foyers », selon lui. Comme seconde observation, selon M. Ould Salek, « c'est le Maroc qui est responsable de la continuation de l'existence de ces prisonniers marocains au Front Polisario parce qu'il a bloqué l'application du plan de règlement des Nations unies pour le Sahara-Occidental, conclu en 1991 et qui prévoyait l'échange des prisonniers de guerre ».