En pleine expansion dans la région sud de la wilaya de Tizi Ouzou, l'aviculture connaît ces dernières semaines des perturbations importantes. A l'origine de l'impasse actuelle qui caractérise le marché de la volaille, la hausse des prix du poussin et des aliments qui vient s'ajouter aux conditions climatiques de cette saison estivale, lesquelles sont loin de jouer en faveur des éleveurs. Actuellement, le poussin coûte 85 DA, alors qu'habituellement, il est cédé à moins de 40 DA. Le prix de l'aliment varie entre 2500 et 2800 DA le quintal. Pour mieux expliquer les fluctuations du marché, un propriétaire d'une coopérative de production du poussin, implantée dans la région de Draâ Ben Khedda, estime que « la hausse des prix est due à la forte demande des éleveurs qui veulent s'approvisionner en cette période précise, en prévision du mois de Ramadhan. Cette demande a provoqué une pénurie que nul ne peut combler ». Cette hausse s'est vite répercutée sur le prix du poulet au marché de détail qui est actuellement de 230 DA le kilo. Selon les prévisions de ce même opérateur, ce prix pourra atteindre les 300 DA avec l'approche du Ramadhan. Pourquoi ne pas produire une grande quantité de poussins pour satisfaire cette demande ? En répondant à cette question, le même producteur déclare : « Augmenter la production demeure toujours un risque parce qu'il faut savoir que lorsque le poussin est prêt, il faut le placer dans des poulaillers dans les 24 heures qui suivent et, au-delà, il faut l'abattre ». « Il nous est arrivé dans le passé de doubler notre production mais l'écoulement était toujours incertain », a-t-il encore ajouté avant d'avouer qu'au mois de janvier dernier, sa coopérative a détruit plus de 50 000 poussins faute de preneurs. De l'avis de ce producteur, le prix du poussin connaîtra une baisse avec la fin de cette période d'approvisionnement pour le Ramadhan. Cette situation a fait régner une grande hésitation parmi les éleveurs qui préfèrent attendre que les prix commencent à baisser pour s'approvisionner. Un aviculteur de la localité d'Aït Yahia Moussa livrera ses impressions sur le marché actuel en déclarant : « Si nous achetons le poussin à un tel prix, notre marge bénéficiaire n'est pas garantie. » Il est utile de préciser que l'aviculture dans cette région de la Kabylie est très prisée par des particuliers qui y investissent leurs fonds propres. Toutefois, l'absence de la prise en charge est pénalisante pour ces derniers, car les charges sont des plus lourdes. Les pertes qu'enregistrent souvent les propriétaires de poulaillers se chiffrent parfois à coups de millions de centimes. Durant cette saison estivale, avec les incendies qui ont touché la région, de nombreux aviculteurs ont assisté impuissants à la mort de leurs poussins qui périssaient par centaines sous l'effet de la chaleur. Le manque d'eau dans ces localités représente, lui aussi, un autre facteur qui est dommageable pour les éleveurs. Outre les éleveurs ayant investi dans le cadre de l'emploi des jeunes, les particuliers ne bénéficient d'aucun soutien de l'Etat et le marché, en dépit de son importance, continue à évoluer dans une désorganisation caractérisée.