Selon l'hebdomadaire satirique français Le Canard Enchaîné, qui s'est procuré un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), les opérateurs mobiles français se seraient entendus, ces dernières années, pour limiter la concurrence. Un « Yalta des parts de marché », selon Le Canard Enchaîné, qui affirme reprendre pour l'occasion une citation d'un dirigeant d'Orange, prononcée en octobre 2002. Si tel était le cas, Orange, SFR et Bouygues Telecom s'exposeraient à de lourdes sanctions financières et en termes d'images. Les soupçons d'entente illicite pesaient déjà fortement sur les trois opérateurs mobiles. Dès février 2002, l'UFC-Que Choisir avait déjà porté le dossier devant la justice. Suite à cette plainte, les autorités de la concurrence se sont emparées du dossier, qui a donc abouti au rapport de la DGCCRF, rendu en mai 2004, et dont les extraits sont désormais publiés. Les enquêteurs y parleraient de réunions mensuelles entre les trois acteurs, au cours desquelles ils se mettaient d'accord sur les parts de marché de chacun. L'accusation porte sur la période 1997-2002, qui a vu le parc mobile exploser et passer de 5,8 millions d'abonnés en décembre 1997 à 38,5 millions en décembre 2002. Selon le rapport, la raison de cette entente serait simple : assurer une croissance suffisante pour chaque opérateur, sans entrer dans une guerre des prix. Pour Orange s'y ajouterait la peur de passer au-dessus des 50% de parts de marché, seuil au-delà duquel il n'aurait pas pu fixer lui-même ses tarifs. C'est aussi pour cette raison qu'Orange et SFR auraient encouragé le décollage de Bouygues Telecom. Le réquisitoire est nié en bloc par les trois opérateurs. SFR indique dans un communiqué que « les éléments dont il est fait état dans la presse sont sortis de leur contexte » et « conteste l'interprétation qui en est faite ». Orange, quant à lui, « conteste fermement l'existence d'une entente entre opérateurs mobiles » et rappelle que « l'idée de pilotage d'un marché de 45 millions de clients s'approvisionnant auprès de 20 000 points de vente est totalement irréaliste ». Bouygues Telecom, de son côté, déclare qu'« il est absurde d'affirmer que Bouygues Telecom a pu être partie à une entente qui aurait eu pour effet de cantonner sa part de marché (17%) à un niveau très inférieur à celui des opérateurs comparables en Europe ».