Des quartiers de la capitale sont mal équipés. Des projets n'ont pas été concrétisés. Le quartier Dar El Kheloua, situé sur les hauteurs de la commune de Bologhine, était autrefois un lieu prisé par les familles pour sa tranquillité et sa beauté. Les nostalgiques de ces temps perdus en savent sûrement quelque chose. Cette cité connaît depuis de longues années ce qui s'apparente à une véritable descente aux enfers au point qu'il est devenu un réceptacle de tous les maux : délinquance, insalubrité, ghettoïsation... La consommation et la commercialisation de toutes sortes de stupéfiants se font au grand jour. « La drogue est devenue monnaie courante dans le quartier. De nombreux consommateurs étrangers à notre cité y viennent habituellement s'approvisionner », témoignent des jeunes du quartier. La violence, son corollaire, connaît une effervescence sans précédent. Pour preuve, il y a moins d'un mois, une lycéenne a été « dépouillée » en plein jour de tous ses biens sur le chemin de son établissement scolaire : bijoux, argent, portable et même ses lunettes de vue, apprend-on du côté des habitants. Menacée d'une arme blanche, la victime n'avait vraiment d'autre choix que de se soumettre, « l'essentiel étant de préserver sa vie ». Règlements de compte, vols à la tire, bagarres, sont le lot quasi quotidien de la délinquance juvénile, laquelle devient désormais inquiétante. Mais la désolation ne se limite pas aux rapports humains, elle touche également les habitations et la vie de la collectivité. Vivre à Dar El Kheloua, c'est côtoyer délabrement et détritus. Une des placettes du quartier a été improvisée aire de jeu qui attire les jeunes et les enfants des environs. Le problème est qu'une partie de cette placette surplombant la route menant vers Zghara est sans barrières de sécurité, cela représente un grand danger pour les enfants qui jouent à proximité. « Plusieurs blessés ont déjà été recensés », lance un homme, confirmant le danger omniprésent de la structure abandonnée. En outre, ce qui jadis devait être un jardin coquet, n'est à présent qu'une décharge. Seul un toboggan a survécu aux ravages du temps et du laisser-aller, comme pour témoigner d'une belle époque. Quant au marché, il est vraisemblablement peu exploité. Il n'est qu'un hangar où l'hygiène laisse à désirer. Des déchets de tous genres « décorent » les bords de route, les sentiers et les cages d'escalier. Pas étonnant puisque les bennes à ordures sont inexistantes. Faute de moyens et de personnel, les services d'hygiène font de leur mieux pour assurer le traitement des déchets, dans la mesure où il n'y a qu'un camion de ramassage pour toute la région de Notre Dame à Zghara, située un peu plus haut. Et pourtant, au milieu de ce décor, se dresse une maison, celle du maire de la commune. A l'APC de Bologhine, nous avons eu un entretien avec le vice-président qui avoue avoir conscience de la situation et qu'il y a des projets en cours. Ces derniers concernent la remise en état des infrastructures locales, en d'autres termes, le bitumage des routes, l'éclairage public et la réparation des conduites d'eau potable. Notre interlocuteur ajoute qu'un commissariat va être installé dans les plus brefs délais. Quant à l'hygiène, le vice- président avance que « les camions ne peuvent pas circuler le jour, mais les services d'hygiène travaillent d'arrache-pied la nuit ». Et d'ajouter que « l'incivisme des citoyens ne nous facilite pas la tâche ». En conclusion, le vice-président de l'APC de Bologhine nous apprend que la commune n'a pas connu de chantiers d'aménagement depuis une dizaine d'années et que le budget ne suit pas. Les habitants de Dar El Kheloua restent dans l'attente que les promesses faites se concrétisent. Yasmina Khadraoui , Zohir Bouzid
