En pleine campagne d'automne, la polémique nationale autour de la « charte pour la paix et la réconciliation nationale », qui sera soumise au vote référendaire, le 29 septembre, est loin de faire mouche à Oran. Les bureaux des principaux partis dits d'« opposition » sont fermés et leurs lignes téléphoniques sont hors service. En faisant du porte à porte, dans les quartiers généraux des partis dits « d'opposition », dans la capitale de l'ouest, pour interroger leurs militants respectifs, l'on s'aperçoit d'une chose : les politiques, qui semblent être « court-circuités » par la vox populi, laissent faire. Il y a ceux qui sont conscients que le vote du 29 septembre leur offrira une tribune entre les échéances électorales normales et il y a ceux qui s'arment de prudence pour éviter de s'exposer sur des questions jugées « trop polémiques. » Et puis, il y a, bien sûr, la grande hégémonie en faveur du « oui », qui est de mise dans les salons oranais. Mais cela est loin d'être le cas chez la vox populi qui a du mal à brancher. Chez les femmes, par exemple, et à des exceptions prés, c'est carrément l'indifférence qui l'emporte. Mais si elles ont quelque chose de commun avec leurs compatriotes masculins, c'est certainement le fait de ne pas avoir le texte de la charte sous les yeux. Le texte proposé, en effet, est en général loin d'être lu dans la rue. Beaucoup de citoyens, interrogés, disent ne pas encore pris connaissance de ce texte qu'on leur soumettra au vote le 29. « Ils s'en remettent aux spots télé et au vague bon sens. ». Si les partisans des partis de l'alliance présidentielle s'efforcent de faire rallier l'électorat à ce « noble » dessein référendaire, l'opposition, en revanche, se voit quasiment effacée. Tétanisée par ses maigres scores précédents et, à défaut, d'une campagne anti-« oui », elle se contente de communiqués ou de déclarations à la presse, diffusés par les journaux. Activisme électoral A ce rythme, elle risque de voir le « Oui » rafler la mise, le 29 septembre prochain. Elle a du souci à se faire : l'étroitesse de son activisme électoral ne lui permettrait, sans doute, pas de faire basculer le plébiscite. Pour les partisans du oui, (FLN, RND et MSP s'entend), il reste aussi à convaincre les autres qui cristallisent trop de méfiance voir de rejet. Si le texte, cher à Bouteflika, se heurte au « Non actif et massif » dixit MDS, FFS et RCD, ces derniers ont du mal à imposer leurs arguments respectifs sur la place publique oranaise. En attendant, le référendum décidé par le président Abdelaziz Bouteflika sur le projet de « charte pour la paix et la réconciliation nationale », approche. Il s'agit en fait, d'une offre de pardon - extinction des poursuites judiciaires ou mesures de grâce - à tous les islamistes armés, qu'ils portent encore les armes ou qu'ils les aient rendues, qu'ils aient été condamnés ou non. En seront, en principe, exclus ceux qui ont participé à des « massacres collectifs, viols, et attentats à l'explosif dans les lieux publics ». Sur ce projet référendaire, certains, dans la rue, veulent savoir comment cette restriction sera appliquée. Les opposants à cette charte sont, en effet, sceptiques quant aux capacités de l'administration à déterminer réellement les responsabilités de chacun. C'est aussi ce qui inquiète les organisations de défense des droits de l'homme, opposées, du reste, à un texte qui « abandonne un lourd conflit ». En une décennie ou plus, la barbarie islamiste a fait, en Algérie, 150 000 morts et d'innombrables dégâts économiques.