Qui peut avoir tué le général Moussa Arafat ? La question peut paraître saugrenue et inappropriée tant la revendication est venue quelques heures plus tard. La seconde question est celle qu'avait soulevée juste après un officier palestinien, qui sait de quoi il parle, quand il demande la démission du ministre de l'Intérieur, tant la victime n'est pas une personne quelconque qui, à ce titre, aurait dû bénéficier d'une forte protection. Rien de tout cela, et les auteurs de cet assassinat ont réalisé un coup de force avec l'usage de gros moyens comme pour défier ceux qui ont en charge la sécurité des territoires palestiniens. Une mission, il est vrai, bien difficile tant Israël a pris soin de priver cette autorité de tous les moyens adéquats, ce dont profitent bien entendu tous les groupes armés. Reste par ailleurs une autre question soulevée par le commun des Palestiniens du vivant de l'ancien leader palestinien Yasser Arafat, et liée au phénomène de la corruption. L'assassinat de mercredi a été suivi par une revendication, celle de rembourser l'argent qu'il aurait volé. Ainsi donc, celui qui fut pendant plus de 10 ans l'un des hommes les plus puissants de la bande de Ghaza et des territoires palestiniens, a été assassiné mercredi avant l'aube dans son domicile à Ghaza. Dans une attaque unique en son genre dans les territoires palestiniens, pas moins de 80 hommes armés et cagoulés ont pris d'assaut le domicile du général. Toujours selon des témoins, ce dernier a essayé de résister à ses assaillants qui ont pénétré à l'intérieur de la maison, où ils ont échangé des coups de feu. Criblé de balles, il a été ensuite traîné en dehors de sa maison où il a été achevé. Pour sa part, son unique fils Manhal, lui même officier, âgé d'une trentaine d'années, a été enlevé par les assaillants qui l'ont emmené vers une destination inconnue. Il a été libéré jeudi. Trois gardes du corps du général ont été blessés dans l'attaque qui a duré une vingtaine de minutes, où ont été utilisés des grenades, des roquettes antichars et des fusils mitrailleurs. Voila donc les faits qui contrarient la volonté du président Mahmoud Abbas d'asseoir et de faire respecter son autorité. Connu pour avoir beaucoup d'ennemis, Moussa Arafat avait survécu à plusieurs tentatives d'assassinat, dont la dernière remonte à octobre 2004 lorsqu'une voiture piégée a explosé au passage de son convoi dans la ville de Ghaza. Sous son commandement, les services de renseignements militaires avaient acquis une mauvaise réputation, où il était question de corruption et de maltraîtement des prisonniers. Il avait participé à la répression des militants des mouvements palestiniens armés dans les années qui ont suivi la signature des accords d'Oslo. On peut aimer ou haïr le général Moussa Arafat, mais il est intolérable que de telles actions se passent dans les territoires palestiniens à l'approche du retrait des forces d'occupation sionistes, où le monde attend des Palestiniens une image d'un peuple digne de jouir de sa liberté et de sa souveraineté sur son sol. Aussi graves qu'ils soient, les conflits doivent âtre réglés dans les salles de tribunaux et nulle part ailleurs. Tel est le sentiment des Palestiniens dès l'annonce de cet assassinat qui met en avant de manière spectaculaire des questions liées, par ailleurs, aux rivalités nées du retrait israélien de la bande de Ghaza.