Le conseiller militaire du président palestinien, a été tué hier par des hommes armés induisant une vive tension à Ghaza. L'état d'urgence a été décrété hier dans la bande de Ghaza et les forces de sécurité mises en alerte générale après l'assassinat dans la nuit de mardi à mercredi du général Moussa Arafat, conseiller militaire du président palestinien Mahmoud Abbas. Cet assassinat, outre les lendemains incertains qu'il ouvre pour la bande de Ghaza, met en exergue la faiblesse du pouvoir central palestinien incapable de maîtriser la situation dans ce territoire palestinien après l'évacuation des colons israéliens en août dernier. De fait, Ghaza semble aujourd'hui livrée aux groupes organisés qui s'adonnent à des luttes de leadership. Et le moins qui puisse être dit est que le général Moussa Arafat, qui a de nombreux ennemis, s'est fait une solide inimitié à Ghaza tant par le fait d'avoir mis ce territoire sous sa coupe que du fait qu'il est considéré comme le symbole de la corruption qui sévit à Ghaza. Le général Arafat, 69 ans, cousin du défunt président Yasser Arafat, a été criblé de 23 balles par des inconnus armés qui ont donné assaut à son domicile dans la nuit de mardi à mercredi. L'assassinat de l' «homme fort» de Ghaza illustre la désillusion d'une population en butte à la mal vie, au chômage -qui touche près de 60% de la population active- et à la précarité générale accentuée par le désengagement israélien qui, paradoxalement, semble avoir réduit les perspectives d'avenir de la bande de Ghaza, confortant de fait sa ghettoïsation. En fait, l'assassinat du général Arafat intervient à un très mauvais moment pour l'Autorité palestinienne ainsi mise au pied du mur par les différents groupes armés qui tentent de faire la loi dans la bande de Ghaza évacuée, à l'instar du mouvement Hamas, qui est allé jusqu'à instaurer un pouvoir parallèle par la nomination de sept «chefs militaires» de région au niveau de Ghaza, défiant ainsi l'Autorité palestinienne. De fait, l'assassinat de Moussa Arafat fait craindre outre une opposition armée contre l'Autorité palestinienne, une guerre des groupes armés pour le contrôle de Ghaza. Aussi, le meurtre du général Arafat, qui intervient à un moment particulièrement sensible et deux jours après le grave précédent de Hamas, qui se pose en challenger de l'Autorité palestinienne, est lourd de menaces pour le futur de la bande de Ghaza en créant les germes d'un sérieux risque de chaos dans le territoire palestinien évacué par Israël où l'Autorité palestinienne se trouve confrontée à un défi mortel pouvant remettre en cause, outre le processus de paix en cours, l'existence même d'un Etat palestinien indépendant, pour l'érection duquel des dizaines de milliers de Palestiniens se sont sacrifiés. Désarmer et mettre au pas les groupes armés, prendre en charge la libération totale des territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est, est un challenge ardu pour l'équipe du président Mahmoud Abbas qui doit, d'ores et déjà, faire montre de ses capacités à dominer la situation et à faire que le dernier mot reste à l'autorité publique. C'est la seule façon pour les responsables palestiniens de démontrer qu'ils peuvent administrer et ériger l'Etat indépendant de Palestine. La question palestinienne se trouve donc aujourd'hui à un tournant et la manière avec laquelle l'assassinat de Moussa Arafat sera pris en charge par l'Autorité palestinienne peut avoir des répercussions décisives sur le devenir des territoires palestiniens. De fait, Abou Mazen a commis nombre d'erreurs dans sa gestion des territoires dont celui d'avoir fait rebondir le général Arafat en le nommant au poste de conseiller militaire, alors que le cousin du défunt président Arafat était honni par la population de Ghaza qui l'accuse d'être derrière la corruption qui a fait beaucoup de mal à ce territoire. D'ailleurs, tous les mouvements palestiniens, y compris le Fatah du président Abbas, avaient violemment protesté après la remise dans le «circuit» du général Arafat. Ce dernier nommé en juillet 2004, par le défunt président Arafat, chef de la Sûreté nationale - qui chapeaute différents services de sécurité - a été mis à la retraite par Mahmoud Abbas, qui l'avait pris à son service en tant que «conseiller militaire». Moussa Arafat était arrivé dans les territoires palestiniens au milieu des années 1990 dans la foulée des accords d'Oslo (1993). Désigné à la tête des renseignements militaires, il avait alors participé à la répression des groupes armés. Hier, un communiqué se réclamant des Comités de résistance populaire (CRP, fondés au lendemain de la seconde Intifada de 2000 et regroupant des représentants des groupes armés palestiniens, nationalistes et islamistes) au nom du groupe ‘'Abou Abir'', a revendiqué l'assassinat du général Arafat indiquant dans un appel à une agence de presse que le général Arafat a été « éliminé » par les brigades de Salaheddine, branche armée des CRP pour des raisons «qui seront annoncées ultérieurement». Le président Abbas qui a présidé hier une réunion urgente des chefs des différents services de sécurité a fermement condamné le crime «Le président Mahmoud Abbas a condamné l'assassinat du général Moussa Arafat, son conseiller militaire, et a affirmé que le ministère de l'Intérieur et les services de sécurité déploient tous les efforts nécessaires pour trouver les auteurs de ce crime et les traduire en justice», a indiqué l'Autorité palestinienne dans un communiqué. De son côté, dans un autre communiqué, le ministère palestinien de l'Intérieur a qualifié l'assassinat du général Arafat de «grave escalade dans la situation sécuritaire, qui ne saura être passée sous silence». De fait, Ghaza se trouve aujourd'hui sur un véritable volcan que la moindre étincelle risque de faire exploser.