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Le point du samedi
Le futur passé de « l'autoritarisme arabe »
Publié dans El Watan le 10 - 09 - 2005

Le temps est une donne politique stratégique, une ressource rare et par conséquent précieuse. Rien là que de banal. Cette évidence n'est pourtant pas si universelle qu'elle en a l'air.
En effet, si le temps est sévèrement compté dans les régimes démocratiques, il est en revanche volontiers élastique dans les gouvernements autoritaires et sultaniques du monde arabe et d'ailleurs, ces derniers ne s'embarrassant d'aucune limite temporelle dans l'exercice du pouvoir. C'est là un des traits les mieux distinctifs des deux systèmes politiques : alors que la démocratie représentative est par définition un régime pro tempore, l'autoritarisme est quant à lui un gouvernement illimité. En s'imposant des barrières temporelles comme la limitation des mandats présidentiels, le respect du calendrier électoral et la soumission aux verdicts des urnes transparentes, le régime constitutionnel limite en effet la tentation absolutiste des gouvernants. Paradoxalement, c'est dans les gouvernements représentatifs, soumis à une pression électorale continue et ne disposant que de budgets-temps fort restreints, que l'efficacité gouvernementale est la mieux attestée ; non dans les régimes autoritaires où le temps des dirigeants, rallongé à volonté, se compte en décennies successives. En vérité, cette situation n'a rien de surprenante : sommés de rendre compte de leur gestion gouvernementale aux représentants et aux citoyens en vertu du principe démocratique de l'imputabilité (accountability), les gouvernants sont amenés, dans les régimes démocratiques, à renoncer aux politiques démagogiques, non réalistes ou dont les résultats n'apparaîtraient, au mieux, que bien après les prochaines échéances électorales. Les gouvernements illimités sont au plus loin de cet « art de gouverner ». Libérés du contrôle parlementaire comme de la sanction des urnes, ces derniers recherchent la paix sociale en priorité et non la performance gouvernementale, celle-ci se révélant, il est bien vrai, socialement risquée et politiquement déstabilisante. Schumpeter ne s'y était donc pas trompé. Pour l'auteur du monumental Capitalisme, socialisme et démocratie, la contrainte temporelle est l'une des conditions de possibilité d'un gouvernement efficace. Les « arguments » qu'avancent mezzo voce les dirigeants arabes (et leurs intellectuels organiques) à l'endroit des principes du gouvernement représentatif - synonyme à leurs yeux d'« instabilité propice aux actions de l'Ennemi » - ne résistent pas devant l'examen des faits. La somme des PNB de tous les Etats arabes confondus égale à peine celui de l'Espagne... Outre la régression culturelle et l'aggravation du sous-développement - maintes fois soulignées dans les rapports du PNUD -, l'usure du pouvoir des dirigeants arabes génère par surcroît l'apathie politique et la défection citoyenne. L'ingénierie politique suivie par ces régimes repose sur un principe simple : « Maximiser le pouvoir du Prince en minimisant la participation des citoyens. » La mise en œuvre de cette doctrine s'appuie sur la répression des libertés individuelles et collectives, mais aussi sur la mise en clientèles des masses et la « marchandisation » du vote. De la figure du raïs à celle du commandeur des croyants en passant par le prétorien, « l'autoritarisme arabe » a déployé en définitive plusieurs répertoires politiques : « surveiller et punir » ; « donner le pain et le cirque » ; « il faut tout changer pour que tout reste en place » ; « élections sans démocratie » ; toutes formules conçues comme des échappatoires à la temporalité de l'alternance démocratique. Pourtant et comme le relève Juan Linz, un des plus illustres spécialistes de la question, celle-ci « ne repose pas [tant]sur le fait qu'elle favorise de meilleurs politiques, mais qu'elle oblige à rendre compte des politiques passées en même temps qu'elle nourrit les espérances grâce auxquelles des individus compétents et ambitieux continuent de s'engager dans la vie politique. » Comme on peut le constater, l'usage du temps politique est bel et bien un révélateur du mode de gouvernement, un indicateur de pouvoir. Bref, la politique est une affaire de temps et d'avenir à construire. Mais à en juger par la longévité exceptionnelle des « caudillos » arabes, laquelle se mesure désormais non plus en décennies mais en quarts de siècle, ce temps paraît ici désespérément dépourvu d'horizon : celui d'un futur passé. « L'affaire d'un homme politique », pour reprendre le sociologue et membre du Parti libéral allemand Max Weber, est pourtant « l'avenir et la responsabilité devant le futur ».

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