La volonté du wali de M'sila de mettre un terme au pillage systématique des carrières de sable au niveau de la wilaya, notamment dans la zone de oued Maitar, s'en est trouvée contrariée par la levée de boucliers des exploitants traditionnels de ces carrières (une vingtaine) qui entament, à partir du 20 septembre, leur deuxième semaine consécutive de grève pour protester contre l'initiative du wali. Lequel, dans une déclaration à El Watan et à El Khabar, dira : « On est en train de mettre un terme à l'anarchie sévissant dans l'exploitation des carrières de sable et préservant le domaine public hydraulique des dommages qu'il encourt d'une part, et réglementer cette activité d'autre part. » Et d'ajouter que « la proximité de ces carrières a engendré une certaine frénésie autour de leur exploitation qui n'a pas été sans conséquences sur la configuration de oued Maitar, rudement affecté par des excavations qui ont défiguré l'environnement, entraînant l'écoulement des eaux pour être à l'origine de la mort de trois personnes lors des dernières crues d'été ». « Notre initiative, a-t-il soutenu, consiste à donner un coup d'arrêt au pillage qui sévit depuis des années par l'introduction de la formule de l'octroi des concessions par la voie d'adjudication publique, dont la date a été fixée pour le 18 septembre prochain ». Pour Tahar Azzouz, représentant des exploitants grévistes, joint par téléphone, « cette initiative est incongrue du fait qu'elle n'a pas pris en compte notre revendication qui consiste à nous octroyer un délai de 18 mois au-delà de la date butoir du 30 septembre ». « Ils n'ont pas droit de nous faire sortir avec cette facilité, nous qui avons investi dans ces carrières et exercé cette activité depuis 25 années », a-t-il soutenu d'une voix qui exprimait une certaine inquiétude devant une situation où l'atmosphère sévissant dans les rouages de la wilaya laisse augurer le caractère irrésistible de cette initiative. D'autant plus que les autorités de la wilaya ne sont pas enclins à laisser le mouvement de protestation de ces exploitants de 2001 se répéter après que les autorités de l'époque eurent décidé l'augmentation des droits d'exploitation des carrières en les portant à 159 millions de centimes/an pour la catégorie des cribleurs mécaniques et 92 millions de centimes/an pour la catégorie des cribleurs de type artisanal. « Rejetant ces augmentations, nous a-t-on expliqué à la DHW, ces exploitants, sous couvert de la grève, ont exploité sans vergogne les carrières de sable sans payer un centime au Trésor public pendant 7 mois ». « L'ex-wali, nous a-t-on précisé, pris de panique par le mouvement de contestation, avait annulé les augmentations et réinstauré le système des autorisations », a-t-on soutenu. « Evoquant le manque de moyens, les exploitants, nous dira M. Azzoug, se refusent à prendre part à la procédure d'adjudication du 18 septembre. » Ces exploitants contestataires, plutôt partisans de statu quo, préfèrent croiser le fer avec les autorités locales en optant pour la grève illimitée jusqu'à ce qu'on leur accorde l'autorisation d'exploitation pour une durée supplémentaire de 18 mois. Ce à quoi le DHW se refuse d'accéder en soutenant que « ces exploitants, qui activaient depuis juin 2004 sans aucune autorisation, avaient bénéficié de largesses en travaillant sur la barre des conventions entre l'hydraulique et les domaines », et d'ajouter que « depuis juin 2004, aucun arrêté les autorisant à exploiter les carrières traditionnelles n'a été signé par le wali », gains substantiels pour les communes. L'opération octroie des concessions par la procédure de l'adjudication pour les 30 carrières de sable, lancée par la DHW, permettant au Trésor public de récupérer en termes de redevances d'exploitation une somme de 62 091 000 DA et la mise à disposition pour le marché national, notamment les wilayas du Centre, Alger, Boumerdès, Tizi Ouzou, qui connaissent des restrictions, voire des interdictions d'exploitation, d'un volume annuel de 1 834 200 m3 de sable. Cette formule d'adjudication, dira le DHW, permettra aux communes de Bou Saâda, ouled Sidi Brahim, Maârif et Ben Zouli, où se répartissent les 30 carrières, d'engranger des gains financiers. Il faut ajouter au passage que durant cette semaine de grève les transporteurs de sable n'ont aucunement cessé de sillonner les routes de la wilaya avec leur chargement.