Les organisateurs du meeting, difficile à identifier, ont réussi le tour de force de remplir, hier, la salle omnisports d'El Kala malgré l'indifférence des gens quant à la campagne électorale relative au référendum. Beaucoup ne savaient pas encore le matin qui serait l'hôte illustre de la ville pour lequel on a donné un petit coup de balai en deux trois coups de cuillère à pot. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, chef du gouvernement, est entré vers 11 h dans une salle, où depuis 8h résonnaient le tbal et la zorna tandis que les spectateurs affluaient de toute la wilaya. Pour communier avec l'auditoire, il a commencé par montrer qu'il connaissait parfaitement, en survolant les lieux et l'histoire récente, la région qui, a-t-il dit, a connu directement et indirectement les affres du terrorisme. « S'il n'y a pas eu d'attentats terroristes dans la partie orientale d'El Tarf (El Kala), il ne faut pas oublier qu'elle a donné ses meilleurs enfants aux services de sécurité. Il ne se passait pas un jour sans qu'une mère d'El Tarf, d'El Kala ou de Bouhadjar, ne verse des larmes pour un appelé, un gendarme, un policier, un militaire... revenu à la maison dans un cercueil. » « J'ai été qualifié d'éradicateur, mais est-ce faillir au devoir que d'éradiquer le terrorisme pour ramener la paix ? », a lancé le chef du gouvernement avant d'affirmer que « le barbu qui quitte le maquis et rentre tranquillement chez lui a sauvé sa tête, celui qui persiste, on ne lui dira pas s'il vous plaît. Il descend ou il se plie (itabag). Le peuple doit savoir que l'armée n'a pas l'intention de cesser de poursuivre les criminels ». Tout au long de son discours, le chef du gouvernement a donné l'impression de rétablir des vérités pour contrecarrer les attaques des opposants à la charte. « C'est faux, il n'a jamais été question de laisser tomber les familles victimes du terrorisme au profit des autres victimes de la tragédie, mais nous leur disons que les choses viendront progressivement comme pour les femmes de chouhada qui ne recevaient que 100 anciens francs comme pension au lendemain de l'indépendance. » Plus énigmatique, il étayera les déclarations du Président à propos des résistances apparues ça et là : « Les opposants à la charte qui sont dans le pouvoir, ce sont des fonctionnaires, des directeurs, des douaniers, des présidents d'APC, ce n'est pas forcément dans les hautes sphères, comme se sont empressés de le supposer ceux qui ont des rapports philosophiques avec la politique. » « Je suis venu convaincre les hésitants, car le oui ne fait pas de doute à El Tarf qui s'est toujours placé en haut du tableau de la participation aux scrutins ». « Pourquoi alors se donne-t-il tant de mal ? », ont immédiatement commenté les observateurs à l'affût. Pour le secrétaire général du RND, le oui c'est aussi libérer les services de sécurité qui pourront alors donner la chasse aux voleurs et aux corrompus qui lessivent la société et l'Etat aux prises avec les restrictions des conditions sécuritaire. « Les pilleurs de corail et des richesses naturelles qui font la réputation de la région n'ont plus de sentiments patriotiques », lancera-t-il pour stigmatiser ces fléaux à El Kala. « La toile d'araignée tissée par les réseaux interlopes au-dessus des têtes des Algériens sera détruite lorsque nous serons libérés du terrorisme. » Les émeutes sont endémiques à El Tarf et le chef du gouvernement y a fait allusion. « Que ceux qui cassent sachent que nous les mèneront devant la justice. » A ceux qui, de la salle, criaient : « Ma chefna walou (on n'a rien vu) », Ahmed Ouyahia a répondu qu'il n'est pas venu les mains vides. Il a égrené une liste de projets pour la wilaya : logements, écoles, université, gaz naturel, barrage... et 2500 locaux commerciaux. La bagatelle de 39 milliards de dinars mais, a-t-il bien fait de préciser à la foule en délire, « ce n'est pas pour mettre dans vos comptes personnels, ce sont des projet ».