Des mesures draconiennes seront prises contre la contrefaçon et la falsification dans les domaines industriels. C'est ce qui ressort d'une rencontre ouverte, hier, à l'Institut national de la police criminelle, qui réunit, durant trois jours à Alger, les experts des polices des dix pays des deux rives de la Méditerranée occidentale. Structurés en groupe dit 5 + 5 (les 5 pays du Maghreb, la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et Malte), les dix Etats devront « échanger leurs informations et leurs expériences respectives ». « Des exposés seront présentés par chaque pays et porteront sur leurs situations nationales respectives en la matière, notamment les aspects organisationnels, les études de cas, les méthodes de travail et les techniques utilisées », peut-on lire dans un document élaboré par l'institution hôte, à savoir la Direction générale de la Sûreté nationale. Aucune statistique, encore moins les objets ciblés ne sont communiqués dans le menu. Ce dernier, renfermant sommairement sept points, à discuter « à huis clos », se contente d'énumérer un « Rapport sur les situations du phénomène de la contrefaçon » ou encore la « Stratégie et (les) moyens de lutte contre le phénomène » que les délégations auront à étudier. « Il est établi qu'aujourd'hui la contrefaçon est une menace sur l'économie mondiale et le développement durable. Cela nous amène à constater que la jonction de la contrefaçon, la grande criminalité et le terrorisme est établie », a déclaré, lors de l'ouverture des travaux, M. Lamara, qui s'exprimait au nom du directeur général de la Sûreté nationale. Le représentant de Ali Tounsi plaidera, néanmoins, pour « une coopération saine et efficace » entre pays des 5 + 5, « vu l'ampleur de cette grande délinquance économique ». Selon un responsable de la DGSN, l'Algérie a déjà jeté les jalons de cette coopération en créant, il y a trois mois, une brigade centrale chargée de lutter contre la contrefaçon, mais aussi contre la falsification des documents officiels en rapport avec les secteurs industriels. A la question de savoir quels sont les objets de contrefaçon qui focaliseraient l'attention des experts, notre interlocuteur citera d'emblée : « les quantités énormes de pièces de rechange contrefaites qui inondent le marché » donnant toutefois un autre exemple : « Les matériels de plomberie et d'électricité n'échappent pas aussi à la contrefaçon. L'usage de ce type de matériels constitue, sans réserve, un danger réel pour la collectivité », ajoute-il. Pour ne parler que de la pièce détachée automobile contrefaite, des voix ne cessent de s'élever, s'interrogeant sur les « facilités déconcertantes » dont bénéficient les trafiquants. « Si les produits réussissent à franchir les mailles du filet frontalier, comment se fait-il alors que le contrôle technique (des véhicules) ou les services des fraudes ne puissent pas déceler une plaquette de frein d'origine douteuse », s'élève un officier supérieur des services de sécurité. L'Algérie importe la quasi-totalité de ses besoins en pièces de rechange, dont la moitié est contrefaite, selon les experts.