Dans un rapport sur le développement dans le monde, récemment rendu public par la Banque mondiale, des économistes experts en la question ont appelé les pays en voie de développement à faire de l'équité un élément essentiel dans toute politique visant à renforcer la croissance économique et à faire reculer la pauvreté. L'équité, définie comme « légalité des chances pour l'ensemble des individus » est, selon la Banque mondiale, « un élément qui devrait faire partie intégrante des stratégies de lutte contre la pauvreté si elles veulent aboutir, quel que soit le pays en développement considéré ». Le rapport de la BM montre que « les inégalités très profondes qui existent, d'un pays à l'autre et au sein d'un même pays, sur le plan des richesses et des opportunités contribuent à maintenir dans une situation d'extrême dénuement une partie souvent importante de la population. Ce qui engendre un gaspillage du potentiel humain et risque, dans bien des cas, de freiner le rythme de la croissance ». Se voulant plus précis sur la définition de l'équité, les rédacteurs du rapport soulignent que l'objectif n'est pas une égalité des revenus, mais plutôt « un meilleur accès pour les pauvres aux soins de santé, à l'éducation, aux emplois, aux capitaux et aux droits fonciers. » Le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz estime pour sa part que « l'action des pouvoirs publics doit chercher à optimiser les opportunités offertes à ceux qui se font le moins entendre et qui ont le moins de ressources et de capacités ». Il appelle à ce propos les pays concernés à axer leurs politiques sur « l'investissement dans les ressources humaines, en élargissant l'accès à des services de santé et d'éducation de qualité et en mettant en place des filets de sécurité pour les groupes vulnérables, l'amélioration de l'accès à la justice, à la terre et à l'infrastructure économique et la promotion de l'équité sur les marchés des capitaux, du travail et des produits pour permettre aux individus d'avoir plus facilement accès au crédit et aux emplois et sans subir de discrimination sur un marché quelconque ». Cela étant, les pays riches ont également leur part de responsabilité dans toute politique visant à répandre l'équité dans les pays en développement. Selon la Banque mondiale, les pays industrialisés devraient « permettre une expansion des migrations de travailleurs non qualifiés à partir des pays en développement, encourager la libéralisation des échanges (...), permettre aux pays pauvres d'utiliser des médicaments génériques et d'élaborer des normes financières appropriées pour les pays en développement ». Pour aider les pays à lutter contre l'inégalité, le rapport de la Banque mondiale insiste enfin sur l'importance de renforcer l'aptitude des pauvres et des groupes marginalisés « à imposer la mise en place de moyens plus forts pour faire entendre leur voix et obliger les hommes politiques à rendre des comptes ».