Pour expliquer ce qu'est la mondialisation au moment même où se multiplient les sorties de campagne référendaire sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation, l'université Badji Mokhtar de Annaba, en collaboration avec le Forum algérien pour la citoyenneté et la modernité (FACM), a organisé ce mercredi à l'amphithéâtre Sidi Achour une conférence-débat. Outre ses effectifs, l'université a mobilisé des praticiens et des experts, des observateurs de l'économie nationale, ses potentialités et les opportunités qu'offrent les marchés. Sociologues, représentants d'instituts de renommée et opérateurs économiques figuraient sur la liste des participants. Tout un monde de collaborateurs et d'invités qui sous la houlette du Dr Laskri Mohamed Tayeb, recteur de l'université, a permis de mieux cerner l'approche du thème du jour : « Mondialisation et évolution des mentalités. Jeux et enjeux ». Le ton a été donné avec le contexte dans lequel les organisateurs ont voulu insérer cette vision à travers la déclaration du FACM soulignant : « La concorde civile est, au-delà de son exigence politique, un acte ou une entreprise collective qui restructure les mécanismes des liens sociaux, rétablit les modernisations économiques et restaure les concepts d'une deuxième République, où les concepts de souveraineté, de refondation nationale, de modernisation politique, économique, culturelle et sociale, de bonne gouvernance et de redéploiement stratégique du pays trouveront leur signification. » Les communications de MM. Taïbi Mohamed, docteur en sociologie et anthropologue, Mezmaz, chef de cabinet MATE, Sbia, président du forum, et Mouloud Meziani, secrétaire général, étaient toutes orientées sur le projet de charte pour la paix et la réconciliation. Bon nombre d'intervenants ont titillé le problème que pose la mondialisation. Durant les débats, d'autres ont affirmé que les tentatives visant à introduire des clauses sociales dans l'économie nationale ont eu jusque-là des résultats limités. Ce contexte économique qui paraissait quelque peu occulté par les communicateurs se pose aux pouvoirs publics comme une quadrature du cercle qui tout en ménageant le secteur ouvrier a maintenu le cap sur la privatisation. ambiguïtés et gestion En aparté, les universitaires et opérateurs économiques n'ont pas raté l'occasion n de dénoncer l'ambiguïté dans la gestion politique et économique du pays. Ils citent l'exemple du projet de la charte soumis au référendum du 29 septembre. Selon eux, celle-ci a ajouté un plus à l'incompréhension et à une situation sociale explosive. « Il n'existe pas dans notre pays de classe sociale qui puisse servir de corps intermédiaire, ni des syndicalistes ouvriers capables d'atténuer la violence d'une mondialisation sur les mentalités. En l'absence de bases statistiques confirmées, les analyses économiques sont faussées et les chiffres officiels donnent lieu à des prévisions les plus extravagantes », argumente Abdelatif B., professeur en économie. D'autres intervenants ont estimé nécessaire l'adaptation aux nouvelles donnes économiques telles la redécouverte de l'équilibre budgétaire, une meilleure planification des opérations de relance, la mise en place de conditions favorables pour l'investissement et l'amélioration de la qualité de vie. Lors de cette conférence-débat l'on a publiquement parlé de fitna, réconciliation, paix, concorde civile, renforcement identitaire, consolidation du lien national et problématique de l'Etat de droit, exigence de la citoyenneté et de la modernité dans le contexte de la mondialisation. Dans les discussions de coulisses, l'on a préféré traiter succinctement de beaucoup d'autres sujets. Il s'agissait de l'augmentation des liquidités et la baisse des taux d'intérêts, de la réinsertion de l'économie algérienne dans le système économique mondial à travers la renégociation du paiement de la dette extérieure et la vente au secteur privé des entreprises publiques. En tous les cas, si le 7 septembre à Oran, le FACM a raté sa sortie, à Annaba ce mercredi, ce fut une réussite. Le fait que beaucoup d'intervenants aient dévié de l'ordre du jour pour s'interroger sur l'avenir politique et économique du pays implique une évolution des mentalités et une bonne compréhension des jeux et enjeux de la mondialisation.