Au 20e Festival de Namur, on dirait que ça roule pour les cinéastes algériens et la fête algérienne de lundi soir n'était pas mal du tout. Ravissant spectacle de voir un chanteur chaâbi faire danser des centaines d'artistes, de diplomates, de journalistes, de hauts fonctionnaires belges et algériens ensemble... dans une immense église désaffectée transformée en centre culturel. Du côté du cinéma algérien, on attend maintenant les projections des films de Yamina Benguigui et Malek Bensmaïl. Deux fort ambitieux documentaires se sont suivis au fil des heures avant-hier. Le premier du cinéaste béninois (qui a fait ses études à Alger) Idrissou Mora Kpai : Arlit - sur les mines d'uranium du Niger. Arlit, au temps où le cours de l'uranium était à son plus haut niveau, était une sorte de terre promise, d'Eldorado. Les travailleurs y venaient de tous les pays africains pour faire fortune. C'était dans les années 1960. Aujourd'hui, la société française Cogema a abandonné les mines. Arlit n'est plus qu'une ville fantôme, le dernier arrêt des clandestins avant l'Algérie. Arlit, étrange étape du désert, où des 4x4 rafistolés transportent une foule de désespérés en partance pour Tamanrasset, avant l'Espagne via Tanger. Le cinéaste cambodgien Rity Panh est l'auteur du second documentaire intitulé Les artistes du théâtre brûlé, qui nous montre l'extrême ténacité des acteurs du théâtre national de la capitale cambodgienne refusant d'abandonner leur bâtiment qui a brûlé et dont il ne reste que des ruines. Rithy Panh le dit : « Le cambodge actuel a abandonné le domaine de la culture. Les dirigeants ne s'intéressent qu'au business. A côté du théâtre incendié et que personne ne veut reconstruire, on est en train de construire un énorme complexe : hôtel de luxe, casino, etc. Aucun respect de l'art. »