J'ai été intéressé par l'article que vous avez signé dans El Watan du 9 septembre relatif à la « villa du Centenaire, un butin de guerre à préserver », dont j'ai pris connaissance lors d'un récent séjour à Alger. Citant M. Benmedour, chargé des études historiques et de la communication à l'Agence nationale de l'archéologie, vous indiquez, en parlant de la villa du Centenaire que « cet édifice colonial a été inauguré en 1930 par l'empereur français Napoléon Bonaparte, à l'occasion de son premier voyage en Algérie ». S'il est bien exact que la maison dite « villa du Centenaire » (dénommée lors de sa création « Maison indigène du Centenaire ») édifiée, comme vous l'indiquez ailleurs dans l'article par l'architecte Léon Claro, a été inaugurée en 1930, le reste de la phrase me laisse quelque peu rêveur. L'empereur français Napoléon Bonaparte (habituellement désigné sous le titre de Napoléon Ier) est né en 1769, il aurait donc eu 161 ans en 1930 et aurait été bien en peine de procéder à l'inauguration du bâtiment. Comme vous le savez, il était d'ailleurs mort en 1821 à l'île de Sainte-Hélène. De plus, sauf erreur de ma part, Napoléon Ier n'a jamais mis les pieds en Algérie. Peut-être l'article faisait-il plutôt référence à Charles-Louis Napoléon Bonaparte, c'est-à-dire à l'empereur Napoléon III, qui se rendit effectivement en Algérie à deux reprises ? Mais les voyages de Napoléon III eurent lieu en septembre 1860 et en mai-juin 1865 et non en 1930. Par ailleurs, Napoléon III est né en 1808 ; il aurait quand même eu 122 ans en 1930 ; en fait il mourut en 1873. Tout ceci, me diriez-vous peut-être, n'a finalement guère d'importance pour le lecteur d'El Watan et expliquerait que M. Benmedour, à qui je ne ferais pas l'injure de croire qu'il ne connaît pas tous ces éléments, n'ait pas demandé au journal de publier un rectificatif. L'effort de clarification de l'histoire coloniale entrepris à juste titre depuis quelque temps en Algérie implique que cette histoire soit traitée avec sérieux, l'histoire coloniale de l'Algérie appartient aussi bien à l'Algérie qu'à la France.