Bien malgré eux, les habitants d'El Bayadh devront se résigner et se passer des ingrédients de toutes sortes qui, habituellement, pour le commun des ménages, interviennent dans les préparations culinaires, même les moins élaborées. Réduits qu'ils ont été à cette dernière extrémité par la mesure d'interdiction qui a touché la tenue du marché hebdomadaire dans l'après-midi du mercredi à la matinée du jeudi et qui les a privé de l'unique opportunité de faire leurs emplettes en produits alimentaires notamment les fruits et légumes. Evitée par les grands axes routiers pourvoyeurs d'approvisionnement en tous genres, la ville d'El Bayadh et ses alentours passent pour être des zones déshéritées dont il ne subsiste de leur vocation première que de rares et maigres pâturages que les cheptels se disputent ou les ksours qui tentent d'entretenir une agriculture vivrière de subsistance. Marasme économique qui se trouve accentué par des conditions climatiques d'une extrême rigueur l'hiver et la persistance de vent de sable le reste de l'année. Le marché hebdomadaire qui se tient en deux endroits de la ville, l'un pour les produits agricoles, à coté de ceux de première nécessité, et l'autre pour la friperie et diverses babioles, reste une providence pour la majorité de la population, même les plus nantis, qui s'y rendent afin de reconstituer les stocks alimentaires des ménages jusqu'au mercredi suivant. Animé par des marchants ambulants du nord du pays et des quelques agriculteurs des ksours, venus, eux, écouler le fruit de leurs récoltes, le marché est achalandé de divers produits recherchés par le consommateur : de la pomme de terre jusqu'au lait et ses dérivés, en passant par les incontournables sucre, café, conserve de tomates et huile de table, à des prix défiant parfois toute concurrence. La population est, durant ce bref intermède, soustraite aux pratiques de certains commerçants qui sont autant d'apothicaires nullement rebutés par la précarité de leurs semblables. L'unique marché couvert de la ville dont l'enceinte réunit, tout au plus, une demi-douzaine d'étalages, n'est pas logé à meilleure enseigne, puisque ses approvisionnements, qui s'effectuent selon la même périodicité, ne permettent pas de proposer, à longueur de semaine, des produits frais à la portée de toutes les bourses. Témoins, ces quelques cageots de pomme de terre, d'oignons et de tomate, plus d'une première fraîcheur, qui garnissaient les étals ce vendredi et dont les prix avaient repoussé plus d'un. Si de telles mesures restent appropriées en d'autres lieux, leur nature systématique n'est pas sans engendrer des difficultés avérées à certains endroits dont les spécificités en appellent à leur réaménagement. De plus, si tel qu'annoncé, le mois de Ramadhan devrait débuter le lundi ou le mardi prochain, les Baydhis n'auront vraiment pas de quoi pavoiser ni garnir leurs tables pour entamer ce mois de piété et de solidarité.