Un Ramadhan qui arrive un peu plus tôt que prévu, même si cela n'empêche pas une mercuriale de circonstance. Les tomates de 15 à 60 DA, les courgettes et les aubergines de 20 à 70 DA et un monde fou dans le dédale de la rue du 17 Juin, plus communément appelée Souk et ex-rue des Couloughlis. Les ménagères continuaient à midi à remplir les couffins - ou les sachets de couleur - avec le frik pour la soupe, les raisins secs dont la variété étale ses prix de 240 à 400 DA au milieu de la cohue habituelle de l'intersection avec la rue Amirouche, ex-rue du Bey. Les revendeurs de pain fait maison : metloû, tadjine, madoune sont devenus légion tout comme les étalages de dattes, boulettes de q'taief et séries de diouls ; le qalb ellouz et les millefeuilles sont dans la rue, loin des conditions d'hygiène requises avec l'évolution inévitable de la pollution. Des commerçants en articles ménagers assuraient que près de deux clients sur trois entraient acheter le fameux fait-tout. Djamila, jeune fille bientôt convolant en justes noces, était choquée par la vue des fromage, beurre, olives et variantes posés sur des étalages au même niveau que les pots d'échappement des nombreux motocycles, seul moyen de transport dans ces ruelles que se disputent commerçants, vendeurs ambulants et/ou occasionnels ainsi qu'une clientèle semblant ne pas se presser en ce premier jour de Ramadhan. Couscous, amandes, cacahuètes, pruneaux s'écoulaient aisément et le sucre n'enregistre pas l'augmentation de prix attendue. Rue des Martyrs, au carrefour de la rue Rendja - Zenqet El Qadhi - arrivent par grappes les couples et les familles à la recherche des fines herbes qui embaument le souk de Blida jusqu'au bas de la rue Brakni. Persil, menthe, basilic, cerfeuil, estragon confirment la vivacité du piémont de Blida où le laurier et le thym voisinant avec la laitue exigent des bourses bousculées un peu plus d'effort. Comment jeter alors un œil du côté des châtaignes, des figues de Larbaâ qui se disputent celles de Bouarfa, Trab Lahmar et Médéa. Les q'taief de Blida sont concurrencés cette année par ceux de Syrie pendant que les étalages étaient vidés dès 14h, chacun promettant la satisfaction des commandes pour le lendemain. Le marché arabe, Placet Laârab, accueille ses visiteurs du côté nord par le poissonnier Mokdad, une famille présente sur les lieux depuis trois générations. « Nous sommes contents de pouvoir offrir du poisson frais que nous ramenons de Cherchell, de la pêcherie et nous nous faisons un point d'honneur à ne vendre que du frais. » A côté, c'est Abdennour et les dattes qui sont très demandées en ce premier jour, tout comme le djben, fromage de chèvre préparé par l'inamovible ammi Ali, marchand de légumes d'avant l'indépendance. Des tapis et des nattes sont achetés par des tiers pour les mosquées du centre-ville, Ibn Saâdoun et Hanafi qui regorgent de monde. L'énervement commence à gagner les passants et les automobilistes, mais cela semble sans gravité ; il faudra attendre les derniers quarts d'heure précédant le f'tour. La configuration culturelle pour ce mois ne semble pas du domaine de l'urgence pour les élus de la commune.