Jadis matinale, la ville des Genêts s'offre en ce début de Ramadhan une grasse matinée et ne se réveille qu'à partir de dix heures. Au troisième jour du Ramadhan, la ville de Tizi Ouzou peine à s'adapter au nouveau rythme. Le nouveau week-end demeure encore «incompris», notamment par les commerçants qui n'arrivent pas à identifier le nouveau vendredi. Comme chaque année, les journées sont monotones dans la ville des Genêts. Ce n'est qu'après le f'tour que la vie reprend ses droits. Un certain dynamisme booste les artères de la ville, à la nuit tombée. Mais durant la journée, Ramadhan constitue une raison suffisante et valable afin de remettre aux calendes grecques tout ce qui, aux yeux de la majorité, peut attendre. D'ailleurs, les journées sont devenues très courtes. Animée traditionnellement dès sept heures, depuis le début du Ramadhan, la ville de Tizi Ouzou sommeille encore à dix heures. Ainsi, et contrairement au reste de l'année, il est très facile de trouver une place de stationnement. De même que l'affluence sur les boutiques connaît une baisse remarquable. Seuls les magasins d'alimentation générale et les vendeurs de pâtisserie orientale sont pris d'assaut, notamment à partir du milieu de l'après-midi. L'augmentation effrénée des prix des produits alimentaires ne semble pas rébuter les citoyens ou du moins une bonne partie d'entre eux. Chaque soir des queues interminables se forment devant les magasins, qui pour acheter des galettes, qui pour acheter la zalabia ou encore des fruits et légumes. Les boulangeries aussi connaissent une affluence record à l'approche de l'Adhan. Les citoyens deviennent de plus en plus exigeants. Ils veulent manger tout frais. En dépit de la chaleur torride, la ville n'est pas désertée durant l'après-midi comme cela se faisait habituellement en été. Mais aucune activité publique ne se fait signaler. La cité se vide aussi rapidement, c'est-à-dire bien avant dix-sept heures. Le plus souvent, ce sont les villageois qui animent le chef-lieu de wilaya. Ces derniers pressent le pas pour rentrer chez eux afin d'échapper à l'écueil de l'indisponibilité des moyens de transport à partir d'une certaine heure. Les villes côtières, et comme il fallait s'y attendre, ont repris leur solitude. Des citoyens d'une de ces villes, contactés hier par téléphone, nous ont confié que les plages se sont vidées de même que la ville. «Tigzirt est plongée dans un profond isolement après le départ des milliers de touristes qui l'égayaient. Ce qui fait d'elle une ville triste car depuis plus de vingt ans, Ramadhan n'a pas coïncidé avec la saison estivale. Tigzirt offre vraiment un autre visage en cette période du mois auquel nous ne sommes pas habitués. La saison estivale est écourtée et tout le monde va le sentir ici», a affirmé un sexagénaire. Ramadhan coïncide aussi avec le coup de starter du nouveau week-end. La nouvelle. mesure est perçue comme un premier pas pour aboutir vers le week-end du samedi-dimanche. Mais cette satisfaction est vite freinée par la confusion qui entoure ce week-end. «C'est comme s'il y avait deux vendredis dans la même semaine», affirme un restaurateur. Ce problème touche plus les commerçants privés qui ne savent plus s'il faudrait fermer le samedi ou bien le vendredi, comme cela se faisait auparavant. Pour l'instant, les commerçants sont partagés, même si la majorité continue à ne pas fonctionner les vendredis. Mais des problèmes commencent à surgir puisqu'en ouvrant le samedi, la journée tend à ne pas être rentable pour les commerçants puisque le secteur public, censé accompagner le privé, est à l'arrêt. Il y a un espoir que les choses se décantent d'elles-mêmes en fonction du jeu de l'offre et de la demande, qui déterminera laquelle des deux journées devra devenir notre «dimanche».