voilà une année à la clôture du premier festival du chaâbi amateur, l'hommage à cheikh Maâmar Benachir a drainé un public d'admirateurs et de fidèles. Organisé à la maison de la culture, sous la houlette du bureau communal des fêtes, l'hommage s'est étalé sur deux soirées. En lever de rideaux, ce seront Med Ridha de Tiaret, Boudjellal de Douéra et Kobbi d'Alger qui se produiront. En admiration devant celui qu'il considère comme son maître, le jeune Med Ridha trouvera la juste note pour décliner sa passion tardive pour le chaâbi et pour Maâmar avec lequel il entretient des échanges fructueux et soutenus. Entonné dans le plus pur style de l'école de Tigditt, le poème de Benkhlouf sera interprété sans fioritures ni excès. Langoureusement comme sait si bien le faire son aîné, ce qui ne manqua pas de soulever l'admiration et les ovations du public. De leur côté, Boudjellal Ali et Abderrahmane Kobbi se relayeront, le premier en restant fidèle au répertoire mostaganémois, hommage oblige, et le second en s'attaquant au redoutable Tawassoul de Sidi Kaddour El Alami qu'il s'efforcera de maîtriser face à un public averti. La seconde soirée sera totalement mostaganémoise. En effet, après l'incontournable zorna des aïssaoua, ce sera un long récital de cheikh Mâamar en personne. Après une longue éclipse, notamment durant la décennie noire, l'enfant de Tigditt - « fillage En-mel », précisément - retrouvera sa verve d'antan. Celle qui faisait de lui un inconditionnel imitateur d El Anka dont il reproduisait parfois les moindres mimiques. Ce qui lui valu d'être longtemps classé au firmament des chanteurs chaâbi locaux. La soirée sera ponctuée par l'audacieux Maâzouz Bouadjadj qui nous replongera dans les années fastes, notamment en interprétant la version intégrale de Laid Lekbir de Bentriki. Les organisateurs qui voulaient manifestement faire oublier le retentissant succès du premier festival du chaâbi d'amateurs - organisé en septembre 2003 par l'éphémère conseil communal de la culture - ont multiplié les maladresses et les inélégances. Tâtonnements et ratages en série En effet, cet hommage qui devait au préalable réunir la grande famille du chaâbi, a fait chou blanc. Car, hormis Maâzouz Bouadjadj, aucun chanteur mostaganémois ne montera sur scène. Lorsque à la question de savoir si le festival du chaâbi était passé à la trappe, un élu, de surcroît responsable du bureau communal de la culture, nous dira que cet hommage à un chanteur pouvait être assimilé au festival, il y a là manifestement un raccourci que ni les initiés ni les profanes ne peuvent emprunter. Quand un chanteur de la trempe de Zeguiche se présente à la maison de la culture pour s'informer de la programmation et qu il s'aperçois qu'il n'était pas sur la liste, on comprend sa colère et son dépit, d'autant qu'il venait d'annuler une soirée à Annaba justement pour ne pas être en reste de l'hommage rendu à son compère Maâmar. Le comble de l'incohérence sera atteint quand, à la fin de la cérémonie, les organisateurs feront appel aux jeunes chanteurs qui avaient animé quelques soirées estivales pour leur remettre des prix d'encouragement. L'animateur aura beau s'égosiller, seuls trois chanceux, venus sans doute pour apprécier leurs aînés, se feront remettre un petit paquet. Mais le plus incommodant pour les élus sera la présence fort irritante de la veuve de Habib Bettahar. Assise au premier rang, entre sa sœur et son fils Mansour, elle passera les deux soirées à narguer les élus afin de leur rappeler qu'à l'occasion de l'hommage fait à son défunt mari, il y de cela une année, promesse lui avait été faite d'une omra quelle attend toujours. Ayant alerté tous les responsables - y compris Khalida Toumi, la ministre de la Culture, lors de sa participation au récent colloque international du chant sacré -, cette femme courage dira sa grande déception et sa tristesse de devoir réclamer un présent quelle n'a jamais sollicité. Si, pour les anciens membres du défunt conseil communal, la balle est dans le camp de la mairie, pour certains élus, cette dépense au demeurant dérisoire serait imputable à la subvention de 90 millions qui avait été octroyée au conseil communal de la culture. Alors que la rumeur pressentait un éventuel sursaut d'orgueil de la part de l'APC, c'est munie du minuscule paquet remis à son fils chanteur que Mme Bettahar s'en retournera encore une fois flouée par l'inconsistance. Plus que jamais décidée à faire valoir son bon droit, elle dira son irréductible résolution à continuer son combat afin de recouvrer son dû. Les hommages se suivent mais ne se ressemblent pas. En effet, Cheikh Maâmar a parfaitement reçu un chèque de la part de l'APC. Pourvu qu il soit consistant comme le clamera à tue-tête Ahmed Bensebbane, ramené spécialement d'Alger pour animer les deux soirées. L'essentiel est qu'il ne soit pas en bois, lui répliquera un vieil ami de cheikh Maâmar qui se souvient encore du premier instrument façonné dans un bidon d'huile de vidange de chez Esso et sur lequel le jeune Benachir tendra ses premières cordes dont il tirera les toutes premières notes empruntées à Cheikh Sbaïssi auprès de qui le petit orphelin trouvera réconfort et encouragements.