L'hommage organisé à Mostaganem (une première), à l'occasion du 27e anniversaire de la mort d'El Hadj M'hamed El Anka, par le ministère de la Culture, en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya de Mostaganem, a remporté, selon les nombreux participants et observateurs, un franc succès populaire. Hormis les quelques cafouillis constatés sur le plan organisationnel, qui n'ont d'ailleurs eu aucune incidence sur la tenue de la manifestation, cette commémoration aura été surtout, au-delà de l'ambiance festive, un moment privilégié pour les amateurs de chaâbi de découvrir de jeunes talents à l'avenir prometteur. Et en Algérie, preuve a été donnée encore une fois que la pâte existe à travers tout le territoire national, un potentiel qui ne demande qu'à être pris en charge pour s'épanouir. D'ailleurs, la synthèse faite subtilement à Mostaganem entre les chanteurs chevronnés et la nouvelle génération a montré que cet art initié et perfectionné par le grand maître disparu a de bonnes perspectives devant lui pour peu que l'on ne fasse pas l'erreur de s'arrêter à une simple date de calendrier. Au niveau de la tutelle, on semble avoir compris l'importance qu'il y a à accompagner l'évocation d'une figure artististique aussi emblématique que celle d'El Anka par des initiatives, où les fleurons, qu'ils appartiennent à l'école ankaouie ou autres, trouvent leur compte. Face à l'insuffisance criante des conservatoires et des associations pouvant enseigner le genre populaire que reste-t-il à ces amateurs, mordus de chaâbi, pour émerger sinon des rencontres de ce type, où le contact avec le public est plus déterminant que l'auditoire d'une fête familiale. « Il faut multiplier ces manifestations », nous dit Sid Ali El Anka, le fils aîné du grand maître, qui a été d'un précieux concours pour l'hommage de Mostaganem. C'est au niveau de ces échanges culturels que le chaâbi peut effectivement se ressourcer. Semer le chaâbi partout en Algérie, c'était le soucis d'El Anka. Dans cette ville où le Cardinal venait souvent rencontrer le milieu artistique, puiser même dans les textes des grands poètes pour son inspiration, la jeunesse a donc été très présente. Derrière le jeune relizanais Mustapha Belahcen, qui voit s'ouvrir devant lui une carrière prometteuse, mais pas du tout facile à assumer, le public a été agréablement conquis par une pléiade d'amateurs - ou semi-professionnels - qui méritent tous les encouragements. La maison de la culture a donc vibré, deux soirées durant, au rythme du chaâbi que l'inégalable Maâzouz Bouadjadj, invité d'honneur, s'est fait un plaisir de ponctuer. L'expérience, assurément, a révélé des côtés positifs en matière de développement de l'activité artistique que le ministère se doit de sauvegarder.