Que faudrait-il faire pour amener les Bouiris à sortir de chez eux après la rupture du jeûne ? Ce ne sera assurément pas le programme de l'ENTV qu'ils trouveront plus alléchant que celui mis à leur intention par les autorités locales au niveau des différentes salles de spectacle de la ville pour meubler agréablement leurs soirées en ce Ramadhan ? Car - pour ne parler enfin que de celui-là - le concert donné hier à la salle Errich par le groupe Ned Doudja, sans être de haute facture, ne le cédait en rien face aux animations artistiques et culturelles précédentes données à cette occasion, et qui toutes ont eu la faveur publique de la ville. « C'est à croire que nos concitoyens n'ont aucun goût pour le chaâbi », nous susurre à l'oreille un plaisantin, alors que le concert venait de commercer. « Lequel cas, je les plaindrais, car le chaâbi c'est ce que ces maîtres nous ont légué de plus beau pour l'enrichissement de notre patrimoine culturel », a continué à murmurer notre plaisantin. Sans être pleine, la salle contenait suffisamment de monde pour que le spectacle batte son plein dans la même veine chaâbie. Justement au registre chaâbi, le groupe Nadj Doudja allait emprunter six chansons parmi lesquelles on peut citer Ma bague, J'ai un cœur, Où vas-tu ?, etc. L'ambiance était telle que certains jeunes pour exprimer leur joie se sont levés et se sont mis à danser, alors que d'autres, hochant la tête de contentement, battaient des mains pour accompagner le rythme chaâbi. Cependant, beaucoup n'attendront pas la fin du concert. Il est 22h 40. Dehors les rues sont peu animées. La nuit est belle, l'air doux, et le ciel profond et étoilé. Bachir Rida, le jeune chanteur, pour revenir au spectacle, est doté d'une voix agréable et chaude, ce qui fait de lui un interprète admirable dans le style chaâbi qui veut du grave. « J'aime le chaâbi qui est au cœur de notre héritage culturel. Chanter, pour moi, c'est d'abord effectuer un retour aux sources. » Confessions d'un jeune talent plein de promesses dans la pure tradition chaâbie.