Un vent de discorde est en train d'envenimer les relations de travail entre Algérie Telelcom et Orascom Telecom Algérie. Les PDG des deux entreprises tentent de défendre leurs intérêts alors qu'une polémique prend place entre les deux opérateurs. La réunion pour tenter de régler le litige à l'amiable n'a pas pour autant réglé le problème. Le président-directeur général d'Algérie Telecom (AT), Brahim Ouareth, a animé hier une conférence de presse au siège de l'opérateur public pour répondre aux accusations lancées contre son entreprise par Orascom Telecom Algérie (OTA). Le PDG d'OTA, Hassan El Kabbani, avait affirmé entre autres, lors d'un débat organisé récemment, que l'opérateur historique lui devait 10 milliards de dinars. Sans réfuter cette information, M. Ouareth a indiqué que les créances d'Algérie Telecom sur OTA s'élèvent à 14 milliards de dinars, représentant une facture de 4,8 milliards de dinars établie en mars 2005 et 10 milliards de dinars au titre de l'interconnexion. Le conférencier a souligné que l'opérateur égyptien a refusé de régler cette dette. A partir de là, l'opérateur historique a décidé de saisir l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT). Une réunion s'est tenue pour essayer de régler le litige à l'amiable. Selon M. Ouareth, lors de cette rencontre, les responsables d'OTA auraient affirmé qu'il n'étaient pas en mesure d'honorer ses dettes « pour des problèmes de trésorerie ». Avant de poursuivre sur un ton suggestif : « Dans d'autres pays, quand une entreprise n'arrive pas à tenir ses engagements, le tribunal peut la déclarer en faillite. » D'après lui, OTA aurait non seulement refusé de payer les 10 milliards de dinars en question mais aurait aussi « bloqué les payements qui ne sont pas liés au litige, notamment ceux de l'interconnexion internationale ». Pour lui, « Orascom utilise des subterfuges pour ne pas payer ses dettes à AT ». « L'ARPT a tranché. Il faut respecter ses décisions », a-t-il ajouté, tout en soulignant que son entreprise n'a pas suspendu ses prestations avec OTA malgré ce conflit pour ne pas pénaliser les clients. Le premier responsable d'AT ira plus loin en proférant des accusations encore plus graves. Il a ni plus ni moins accusé l'opérateur égyptien de fraude. Il a signalé à ce propos que « deux saisines ont été introduites il y a deux mois auprès de l'ARPT par AT. L'une concerne une fraude professionnelle à grande échelle sur le trafic international. Ils ont fait un contournement de trafic qui a porté un grand préjudice à AT ». Les services techniques d'AT ont constaté que le volume des appels de et vers l'international des abonnés d'OTA est passé de 20 millions de minutes à un million de minutes, d'où les protestations de l'opérateur public auprès de l'Autorité de régulation. L'autre cas de fraude est lié à la spécialisation des faisceaux qui est interdite par la loi. M. Ouareth ne s'arrête pas là. Il a en effet affirmé que d'autres fraudes ont été enregistrées et lesquelles feront l'objet de saisines auprès de l'ARPT prochainement. Il ne s'explique pas non plus le fait qu'Algérie Télécom « envoie 85% du trafic du fixe au mobile alors qu'OTA n'envoie que 15% ». Une situation qu'il juge aberrante compte tenu du fait qu'avec le troisième opérateur, Wataniya Télécom en l'occurrence, il est respectivement de 60% et 40%. Le PDG d'AT a tenu également à souligner que l'entreprise qu'il dirige est en excellente santé financière et a même enregistré « un résultat excédentaire de 5 milliards de dinars. On ne lance pas un emprunt obligataire si on n'a pas une bonne santé financière ». Il a noté au passage que plus de 90% de l'emprunt obligataire concerne l'investissement pour Mobilis. Son chiffre d'affaires pour 2004 a atteint les 94 milliards de dinars dont 74 milliards de dinars pour le mobile. M. Ouareth semble confiant quant à l'issue de leurs protestations adressées à l'ARPT. « Nous avons adressé un dossier en béton », a-t-il dit. Sur un autre registre, il a déclaré que du moment qu'OTA était dominant dans le marché de la téléphonie mobile, il n'était pas normal qu'il bénéficie des privilèges qui lui ont été accordés lors de son arrivée pour lui permettre de se développer. « Maintenant, ce n'est pas normal qu'il nous donne 1,20 DA pour chaque minute alors que nous payons 6,5 DA », a-t-il souligné encore. « OTA doit respecter les décisions de l'ARPT et s'il n'est pas satisfait, il y a des voies de recours. Ils peuvent saisir le Conseil d'Etat », a-t-il conclu.