La commune de Ouled Ben Abdelkader, au sud-ouest de Chlef, vit une situation pour le moins étrange, qui ne semble, curieusement, déranger personne, à commencer par les autorités en charge des collectivités locales. Non seulement elle n'est pas concernée par les élections partielles qui auront lieu le 24 novembre prochain, mais en plus rien n'a été fait pour normaliser la situation à la tête de cette municipalité de 20 000 habitants et siège d'une daïra regroupant deux communes. En effet, celle-ci demeure sans élus depuis le 17 mai 2004, soit 17 mois après la dissolution de l'Assemblée élue sur décision de l'administration locale et la désignation du secrétaire général de ladite commune comme premier responsable. Le 17 mai 2004, la commune est secouée par des émeutes qui ont éclaté juste après l'affichage d'une liste de bénéficiaires de logements sociaux établie par la commission de daïra. Celle-ci, devant la carence de la commission communale d'attribution, avait été transférée à la commission de daïra, comme le prévoyait la réglementation en vigueur à l'époque. Les contestataires, parmi lesquels des personnes âgées, manifestent à travers les rues de la ville et réclament la présence des autorités de la wilaya pour leur exposer de vive voix leurs revendications et exiger la constitution d'une commission d'enquête sur les « irrégularités et les dépassements constatés dans le choix des bénéficiaires ». Après avoir vainement attendue, ils passent à l'action en incendiant les sièges de l'APC et de la daïra et en détruisant les documents et équipements de bureaux s'y trouvant. Les brigades antiémeute de la gendarmerie interviennent et procèdent à l'arrestation de plusieurs personnes, dont un élu de l'exécutif communal. Au total, 33 citoyens, en majorité des jeunes, ont été interpellés et traduits devant la justice qui les a placés tous sous mandat de dépôt. Comment en est-on arrivé là ? Aussitôt, l'administration locale décide de dissoudre l'Assemblée locale, composée de six élus, et désigne le nouveau « maire » en la personne du secrétaire général de la commune qui gère seul l'APC. L'intérim dure à ce jour, portant un sérieux préjudice à la représentativité de la population et au développement de la région. Le chef de daïra, premier responsable de la commission d'attribution mise en cause, n'a, quant à lui, fait l'objet d'aucune sanction ni mesure administrative. De même, aucune poursuite judiciaire n'a été engagée contre les cinq élus de l'exécutif communal, dont le président de l'APC en activité, qui ont été « éjectés » sur simple décision administrative. Ces derniers se sont réunis à plusieurs reprises depuis janvier 2005 et réclament leur intégration après avoir désigné l'un d'eux en qualité de nouveau président de l'APC. Mais c'était compter sans l'obstination des responsables à tous les niveaux à vouloir maintenir le statu quo inexpliqué, probablement jusqu'aux élections locales de 2007. Contacté récemment sur le sujet, le secrétaire général de la wilaya nous avait indiqué que « la commune fonctionne normalement et que le staff en place sera renforcé par des cadres administratifs ».Il y a lieu de signaler que plusieurs autres communes avaient connu des problèmes presque similaires, mais cela n'a pas empêché les décideurs d'intervenir et de désigner leurs nouveaux présidents d'APC. On est allé jusqu'à organiser une rencontre de « réconciliation » autour d'un imam pour « ramener à la raison » les élus de Breira, une commune enclavée située au sud de Beni Haoua. Pourquoi ce dispositif n'avait-il pas été appliqué à Ouled Ben Abdelkader ? L'énigme reste entière.