C'est une véritable embellie musicale qu'a offert à son bon public, avant-hier, à l'auditorium du centre culturel Aïssa Messaoudi de la Radio nationale la légende vivante du hawzi cheikh Mohamed El Ghaffour, et ce, après le lèse-majesté pluvial du week-end ayant dissuadé les mélomanes à se rendre à la salle El Mougar. C'est dans une ambiance chaleureuse ayant empli l'auditorium bondé de fondus foncièrement et viscéralement acquis à la musique andalouse et hawzi que le grand maître Hadj Mohamed El Ghaffour a donné une superbe soirée traditionnellement unppleged. Un récital très fin, acoustique et à la caisse de résonance se défaussant du « tout raï technoïde ». Une formation de onze musiciens arborant des gandouras blanches emmenés par leur chef, non, leur homme orchestre, cheikh Hadj Mohamed El Ghaffour coiffé d'un tarbouche rouge et faisant corps... et âme avec son fidèle luth (oud), partition et texte en aplomb délectera l'auditoire de par un répertoire à la marque de fabrique de Nedroma, sa ville natale qui l'a vu voir le jour, il y a 75 ans. Cependant, Cheikh El Hadj El Ghaffour est toujours bon pied bon œil. La preuve ! Il n'a rien perdu de son capital « top crédibilité ». Aussi, le public fut en parfaite communion et phase avec le maître... de cérémonie en « savourant » des morceaux de bravoure hawzi allant de Saâdi... à Aând Lala Sahranine en passant par Ouaâdi Mabkat Denia et bien sûr l'incontournable Ya Welfi Mériem. Un concert ayant fait 500 spectateurs heureux ! Deux jours auparavant, à la salle Ibn Khaldoun, malgré la bruine automnale, une cinquantaine de mordus de chaâbi n'ont pas dissuadé la pluie pour venir soutenir ou découvrir le chanteur Mohamed El Yazid, natif de Saïda et vivant en France depuis dix ans. Et ce fut une agréable surprise ! Ne dérogeant guère à la tradition de la touchia leghrib, Mohamed El Yazid étrennera son récital par le passage « obligé » et incontournable de la touchia leghrib en commentant la météo son « opposante » : « Je crois que la pluie a dissuadé le public. Mais vous êtes les bienvenus. J'espère qu'on va passer une belle soirée ! » Et le public n'a pas été déçu de son déplacement. Au contraire, l'assistance s'est vu apprécier un vrai concert privé. Possédant une voix généreuse, résonnante et délurée, Mohamed El Yazid entonnera le registre du medih (chant religieux musulman) avec Salat aâla Mohamed, Ah Ya Moulay Allah, Laylalah Touba ainsi que des titres récréatifs comme Wahd El Ghouziel ou N'sthel El Kia. L'ayant adopté, ces amateurs de chaâbi battront la mesure avec lui en chantant avec lui a cappella des extraits du medih dini. Bref, Mohamed El Yazid est un interprète et instrumentiste (mandole) au talent averti et avéré à saluer tout bas. Ce fut une véritable découverte !