Le diktat des transporteurs urbains de Constantine semble toucher à sa fin. La décision prise dimanche dernier par le wali sonne, en effet, le tocsin pour le lobby qui détient les rênes du transport dans une ville qui se distingue par l'anarchie du secteur et la domination exclusive du privé. Le sujet a dominé la cérémonie organisée à l'occasion de la célébration du troisième anniversaire de l'Assemblée populaire de wilaya. Devant les élus et les cadres de la wilaya, Abdelmalek Boudiaf, nouveau wali de Constantine, a ordonné l'évacuation de la station de bus Kerkri dans un délai de dix jours après avoir fait un dur réquisitoire contre le premier responsable du secteur. La station, qui regroupe plusieurs lignes reliant le centre-ville aux quartiers Est, a échappé ces dernières années à de nombreuses décisions de fermeture motivées par les dangers réels qu'elle encoure à cause des glissements de terrain qui risquent d'emporter, en outre, les immeubles qui surplombent la station. Toutes les initiatives précédentes ont buté sur la puissance perfide d'un lobby appuyé sur la famille révolutionnaire, les réseaux de l'administration et des repentis convertis. Ce lobby a fait de Constantine un véritable cimetière d'épaves (plus de 80 vieilles carcasses de marque Tata son toujours en circulation) et empêché de nombreux projets de développement du transport. La décision du wali, qui vient renforcer les efforts des assemblées et répondre aux souhaits de la population, est accompagnée par d'autres mesures pour le moins vigoureuses. Il a ordonné, en effet, l'éviction d'un sous-directeur du transport et un autre cadre de la commune accusés tous les deux de travailler au service du lobby et d'être même des copropriétaires de bus. Quant aux lignes installées dans la station Kerkri, elles vont opérer dès le 25 octobre à partir de l'ancienne caserne du Bardo. Par ailleurs, une réunion tenue hier a permis de dessiner le plan de desserte pour les nouveaux bus appartenant à la régie communale qui reprend du service les jours prochains. Toutes ces décisions risquent de provoquer, comme auparavant, une levée de boucliers de la part des barons du transport. Ce sera le premier affrontement qui aura valeur d'un sérieux test pour le nouveau wali. En cas de victoire, beaucoup de chantiers seront rouverts et devront menacer plusieurs intérêts.