Des acteurs du mouvement sportif national sont tombés de haut à la lecture des comptes-rendus des déclarations du ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, au forum d'El Youm, organisé dimanche soir. La limitation à un mandat olympique (quatre ans) des élus au bureau fédéral (toutes fédérations confondues) pose le problème de la continuité de l'action de l'organe élu. La décision de limiter à un seul mandat la présence d'élus au sein des directions de gestion et de contrôle d'une discipline est une première dans les annales du sport algérien. Quelles sont les motivations qui ont concouru à l'adoption de cette mesure, sachant que quatre ans est un délai trop court pour tirer les dividendes d'un programme ou plan d'action ? Au moment où le chef de l'Etat est en train de consommer son second mandat consécutif, et se dirige tout droit vers un troisième, des élus d'instances sportives sont contraints de se contenter d'un seul mandat. Les rédacteurs de ce texte mesurent-ils vraiment sa portée sur l'avenir immédiat de l'action d'une fédération ? Alors que le sport algérien panse ses blessures et tente un redressement qui prend beaucoup de temps, voilà qu'une décision venue d'en haut limite à quatre ans la durée de vie d'un bureau fédéral. Un délai extrêmement court pour quelqu'un qui veut inscrire son action dans la durée. Cette dernière est une condition sine qua non pour l'élaboration d'un programme, d'une politique. De toute façon, cette décision va entraîner (inéluctablement) l'intervention de structures sportives internationale. Et là, tous les regards vont se tourner vers Zurich, le siège de la FIFA. Par le passé, l'Algérie a eu affaire à cette instance et la tournure finale n'a pas été à l'avantage de notre pays. Lorsque le ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, annonce que les pouvoirs publics désigneront 30 experts au niveau de l'assemblée générale, il se met en porte-à-faux par rapport aux règlements et statuts de la FIFA. Celle-ci s'est exprimée sur cette question, le 12 août dernier, à travers une correspondance intitulée « Lois nationales et statuts des associations membres de la FIFA », qui énonce : « Soucieuse de renforcer encore la place de ses associations membres, la FIFA observe dans de nombreux cas des contradictions importantes entre les lois nationales sur le sport et les statuts de ces associations (...) ces contradictions, et dans de nombreux cas des empiètements sur les compétences de vos associations, limitent, voire violent, le principe d'indépendance des associations tel que défini à l'article 17 des statuts de la FIFA et celui défini par la charte olympique sur l'indépendance du mouvement sportif (...) parmi les exemples les plus fréquents, nous pouvons relever : la nomination par les autorités politiques de membres au sein des associations au niveau des assemblées générales, des comités exécutifs, du secrétaire général ou de certaines commissions (...) la limitation de la durée des mandats ou du nombre de réélection des dirigeants des associations ... » Il va de soi que la FIFA va suivre, avec intérêt, l'évolution de la situation dans le football algérien, à la lumière des dernières déclarations du premier responsable du secteur de la jeunesse et des sports. Elle ne cédera pas un pouce des prérogatives que lui confèrent ses statuts. Sur un ton ferme, le président de la FIFA, Joseph S. Blatter, affirmait en septembre 2004 : « Il va de soi que la FIFA respecte la souveraineté des Etats et les lois internes des pays. Mais il n'empêche que nos principes doivent être respectés par tous, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la famille du football. Ces principes ont prouvé leur justification et leur bon sens au cours d'un siècle d'histoire de la FIFA. Ils sont fondamentaux pour le développement du football dans un esprit de dialogue et de concertation avec toutes les parties concernées », conclut le patron du football mondial.