Ainsi après le Comité olympique algérien (COA) - voir l'article publié dans notre édition du 22 octobre 2005 -, c'est au tour de la FIFA de mettre en garde la Fédération algérienne de football (FAF), et par ricochet les responsables du sport algérien, « contre toute tentation d'ingérence gouvernementale dans la gestion des fédérations de football ». Cette recommandation avait déjà été adressée à toutes les associations (fédérations) affiliées à la FIFA, le 22 septembre 2004. Deux chapitres du décret 04-10 ont contrevenu à l'article 17 des statuts de la FIFA et celui défini par la charte olympique sur l'indépendance du mouvement sportif national. Les chapitres incriminés sont ceux ayant trait à la limitation du mandat des dirigeants élus à une investiture et la désignation de 30% des membres de l'assemblée générale par le ministère de tutelle (MJS). Dans une correspondance adressée au ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, en date du 18 octobre (in El Watan du 22 octobre 2005), le président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, avait attiré l'attention du premier responsable du secteur en ces termes : « Certains articles du décret d'application de la loi 04-10 sont en contradiction avec la charte olympique et les statuts des fédérations internationales auxquels a adhéré pleinement le mouvement associatif sportif algérien » ... « Il y est clairement préconisé l'autonomie des fédérations qui doivent être mises à l'abri de toute ingérence dans la composition de leurs organes élus de gestion et ce conformément à la charte olympique et à l'article 50 de la loi sus-citée. Le texte en question s'avère être une mesure d'empiétement sur leurs compétences et une restriction drastique de leurs prérogatives »... « Nos fédérations nationales courent un risque d'exclusion si leurs statuts ne sont pas conformes à ceux des fédérations internationales auxquelles elles sont affiliées, notamment l'interdiction de l'intervention d'organes extérieurs dans leur processus électoral ainsi que la limitation de la durée des mandats... » Le premier responsable du Comité olympique algérien s'est, de nouveau, exprimé sur le sujet hier lors du forum d'Echibek, dont il était l'invité. Il a qualifié ces deux points du décret (limitation du mandat et le passage à 30% des experts désignés par le MJS) d'« une malencontreuse erreur, une atteinte à l'exercice démocratique de renouvellement des instances sportives » et a pris à témoin l'auditoire : « Le sport algérien prend le risque d'être lourdement sanctionné si ce décret est appliqué. C'est la raison pour laquelle nous allons demander le réexamen du document et comptons beaucoup sur le sens de responsabilité du gouvernement pour revoir certains points du décret. » La réponse du ministre de la Jeunesse et des Sports n'a pas tardé. Hier, elle était sur le bureau de Mustapha Berraf. Elle confirmait le maintien de tous les articles du décret 04-10. L'affaire va sûrement prendre une autre tournure après « l'entrée en jeu » de la FIFA. Cette dernière a saisi la FAF, par courrier, vendredi dernier lui demandant des explications et l'informant, au passage, de sa ferme volonté de faire respecter les statuts. Le message de la FIFA est sans équivoque pour tous les observateurs du football mondial. L'Algérie a déjà eu un petit aperçu du « pouvoir » de l'instance basée à Zurich. Au milieu des années 1990 (tiens ! tiens !), la FAF avait été confrontée au même problème. Le bureau fédéral avait été « spolié » de ses droits et la FIFA l'avait rétabli dans tous ses droits. Le Suisse Zen Ruffinen était venu à Alger pour « contrôler » le bon déroulement de l'opération électorale préparée par le bureau fédéral illégalement renvoyé quelques mois auparavant. Le football algérien va vivre le remake de ce mauvais scénario... dix ans presque après le premier épisode. Hier, il était difficile d'avoir une réaction de la FAF en l'absence de son président Mohamed Raouraoua. Nul doute qu'elle saisira qui de droit pour se dédouaner de tout ce qui peut arriver du côté de Zurich dans les prochains jours.