La Zone verte, secteur ultraprotégé dans le centre de Baghdad, a été entourée de strictes mesures de sécurité, tout compte fait bien dérisoires, puisque cette zone a été pilonnée par la résistance peu avant l'ouverture du procès. Un présentateur de la télévision irakienne Al Iraqia a qualifié ce jour d' « historique pour tous les Irakiens, notamment les proches des victimes » du massacre de Doujaïl, pour lequel le président déchu est jugé. « Le procès d'aujourd'hui est celui du tyran du siècle pour tous ceux qui ont perdu un frère, un père, un proche, Saddam comparait devant ses juges pour recevoir son châtiment », a-t-il dit. Al Iraqia a également présenté des images de plusieurs centaines de manifestants rassemblés à Babylone derrière des banderoles appelant à « l'exécution immédiate » de Saddam Hussein. Mais, c'est dans son fief de Tikrit, au nord de Baghdad, que la tension était la plus forte. L'armée américaine et la police irakienne sont intervenues avec force pour disperser une manifestation des fidèles de Saddam Hussein, dénonçant l'ouverture de son procès. Une autre manifestation a eu lieu à Dour, village comptant de nombreux fidèles de l'ancien président, selon des habitants de cette localité, dont est originaire le no 2 de l'ancien régime, toujours en fuite, Izzat Ibrahim Douri. La même tension était constatée à Doujaïl où des victimes de Saddam Hussein ont manifesté demandant la peine de mort pour le président déchu. Les manifestants, dont des femmes portant des portraits de leurs proches tués en 1982 par les forces de sécurité de l'ex-président, ont déployé des banderoles demandant « la mort pour Saddam Hussein ». « Les habitants de Doujaïl demandent l'exécution du tyran », disait l'une de ces banderoles, et certains manifestants montraient des portraits des chefs religieux chiites du pays. La presse progouvernementale faisait ses gros titres sur le procès. « Jugement d'un tyran », « Premier dictateur arabe à être jugé », titraient à la Une certains de ces quotidiens. Mais l'annonce du procès n'a été mentionnée que dans une brève information par le quotidien Az-Zaman, animé principalement par des Arabes sunnites, communauté du président déchu. La violence a fait de nouvelles victimes avant l'ouverture du procès. Un officier de l'ancienne armée irakienne a été abattu par des hommes armés dans un quartier sud de la capitale. L'armée américaine a annoncé pour sa part la mort de l'un de ses soldats dans l'explosion mardi d'un engin piégé au sud de Baghdad. Ce décès porte à 1977 le nombre de soldats américains ou civils assimilés militaires morts en Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003, selon un décompte établi à partir des derniers chiffres du Pentagone.