Justice n Le référendum sur la Constitution du nouvel Irak s?annonce comme l?épilogue du règne d?un homme qui dura plus de vingt ans. Naguère l'un des chefs d'Etat arabes les plus puissants, Saddam Hussein devra répondre à partir de mercredi prochain ? soit quatre jours après le référendum ? de ses faits dont il est accusé un an et demi après avoir été renversé par une intervention militaire étrangère sans précédent dans la région. Accusé de «crimes contre l'humanité» durant les 24 ans de son régime, dont le déplacement de population, le gazage de Kurdes, les exécutions sommaires et de purges diverses, l'ex-président irakien sera jugé dans son premier procès pour le meurtre en 1982 de 143 villageois à Doujaïl. Saddam Hussein, capturé huit mois après la chute de son régime en avril 2004 avec l'entrée des troupes américaines dans Bagdad, comparaîtra avec sept de ses lieutenants devant cinq juges du Tribunal spécial irakien (TSI), qui sera entouré de mesures de sécurité exceptionnelles. La préparation du procès a été entourée du plus grand secret. Le TSI est resté quasiment muet, distillant les informations, tandis que les autorités américaines à Bagdad ont été avares de déclarations, invoquant des raisons de sécurité. Les noms des juges n'ont pas été révélés, ni l'endroit exact du tribunal même s'il semble qu'il siégera dans la Zone verte ultraprotégée du centre de Bagdad. Tout comme il n'est pas clair si le procès sera retransmis en direct à la télévision, les autorités craignant que l'ex-président ne transforme le TSI en tribune, comme cela avait été le cas en juillet 2004 lors de sa première comparution devant un juge. Saddam Hussein avait alors rejeté la légitimité du tribunal et clamé, avec défi : «Je suis le président de la République d'Irak et je suis Irakien.» Rakd al-Jouhi, le porte-parole du TSI, a toutefois assuré que le procès serait «public à moins que le tribunal décide de le tenir à huis clos». Des observateurs internationaux seront présents, selon lui. Cette première journée devrait être consacrée à la lecture des charges aux accusés et aux requêtes que les avocats de la défense, s'ils sont présents, n'hésiteront pas à déposer. «Ce qui se passera normalement le premier jour: le tribunal donnera des informations à la défense (sur le déroulement du procès) et lui dira ce qu'il attend d'elle, savoir si les accusés sont représentés par des avocats et la lecture des chefs d'inculpation», selon une source proche du TSI. Saddam Hussein et ses coaccusés «n'auront peut-être qu'à donner leur nom» au tribunal, selon une source proche du TSI, n'excluant pas un ajournement du procès à la demande de la défense.