Rapport accablant contre le régime syrien. Un rapport d'une commission d'enquête indépendante des Nations unies conclut en sa responsabilité dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Ce qui n'était que présomption prend de la consistance. Le rapport rejoint en cela l'opposition libanaise qui, dès la mort du père de la reconstruction du Liban, a désigné du doigt Damas et ses relais libanais à Beyrouth. L'accusation est extrêmement grave et pourrait aboutir à des bouleversements importants au Proche-Orient, principalement en Syrie. Les Etats-Unis et la France notamment ne vont pas rater cette occasion pour enfoncer davantage le pouvoir du Président Bachar El Assad. Déjà, ils ont été les premiers à réagir concrètement, après la disparition de Hariri, pour mobiliser la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité pour obtenir le retrait des troupes syriennes du Liban. Ce qui fut fait et plus rapidement qu'ils ne le pensaient. Forts du rapport onusien, Paris et Washington pourraient revenir à la charge pour demander cette fois l'isolement total et des sanctions contre les dignitaires du parti Baas syrien. Et rien ne dit qu'ils ne chercheront pas la création d'un TPI (Tribunal pénal international) pour les juger comme cela s'est fait pour les dirigeants serbes Slobodan Milosevic et ses complices. Des sanctions économiques, et c'est le minimum, pourraient être décrétées. Mais les Etats-Unis ne répéteront pas le scénario à l'irakienne, c'est-à-dire une invasion de la Syrie par leurs forces, d'autant que le pays n'a pas de ressources pétrolières conséquentes qui puissent justifier une intervention militaire. Ils chercheront surtout à affaiblir la régime baassiste de l'intérieur. L'opposition interne commence à s'organiser, surtout au sein de la communauté kurde et chez les défenseurs des droits de l'homme. La contestation populaire ira alors en s'élargissant d'autant que le peuple a une revanche à prendre sur une secte alaouite (à peine 7% de la population) qui s'est emparée du pouvoir et l'a exercé sans partage et de façon brutale. Le régime ne sortira alors qu'affaibli d'une confrontation avec la communauté internationale et avec le peuple syrien. Et il est difficile à tout régime, aussi puissant soit-il, de résister à une pression d'une telle nature. C'est ce qui permet de penser que le compte à rebours a commencé. Même si Damas se met à coopérer pleinement. Difficile à croire. Il ne ferait qu'accélérer sa propre chute.