Il n'a pas fallu beaucoup de temps à la commission d'enquête des Nations unies sur l'assassinat de Rafic Hariri pour réagir aux révélations de Abdelhalim Khaddam. Le chef de l'Etat syrien est appelé à donner des explications. Il ne fait aucun doute maintenant qu'un sérieux coup d'accélérateur sera donné dans les prochains jours à l'enquête sur l'assassinat de l'ancien chef du gouvernement libanais, Rafic Hariri, que mène une commission de l'Organisation des Nations unies. C'est ce qu'a déclaré Simon Karam, ancien ambassadeur du Liban aux Etats-Unis. “Khaddam a donné un coup d'accélérateur à une enquête qui souffrait des manipulations syriennes illustrées par la défection de témoins syriens exploitée par les médias de Damas”, a-t-il notamment affirmé. Il a mis l'accent sur le fait qu'“en dépit des difficultés qu'elle a rencontrées, la commission n'a pas reculé et a répété ses accusations qui vont jusqu'à la tête du régime syrien”. Saisissant au vol l'opportunité des déclarations de Khaddam, la commission d'enquête de l'ONU entend poursuivre sa mission dans les meilleurs délais. “La commission d'enquête a demandé à s'entretenir avec MM. Al-Assad et Chareh ainsi qu'avec d'autres Syriens et nous attendons la réponse des autorités syriennes”, a déclaré, hier, Nasrat Hassan, la porte-parole de la commission onusienne. “La commission a déjà envoyé une demande d'entretien avec le président syrien Assad et le ministre des Affaires étrangères Chareh, entre autres”, a-t-elle précisé. Pour rappel, le président syrien avait rejeté par le passé une demande en ce sens, formulée par le président démissionnaire de cette structure, l'Allemand Détlev Mehlis. Ce dernier avait cherché en vain à entendre le président syrien, après que des témoins syriens lui eurent fait part des menaces contre Hariri. Mehlis avait émis le vœu de rencontrer M. Chareh, accusé d'avoir menti en écrivant à la commission que Rafic Hariri n'avait pas reçu de menaces. M. Chareh, avait dit alors être prêt à rencontrer la commission lors de ses déplacements en Europe. Dans ce sens, le diplomate libanais Simon Karam a précisé que “la Commission a renouvelé une ancienne demande, toujours d'actualité, celle d'interviewer Assad et Chareh”. Avec les révélations fracassantes de Abdelhalim Khaddam sur le dossier, Bachar al-Assad n'a apparemment plus de choix à faire. Par ailleurs, la porte-parole de la commission d'enquête des Nations unies a indiqué que “la commission souhaite rencontrer le plus tôt possible Khaddam”. “Ce que M. Khaddam a dit corrobore des informations que la commission a reçues et mentionnées dans deux rapports”, a-t-elle également dit. Il y a lieu de signaler que la Commission d'enquête de l'ONU avait conclu dans deux rapports d'étape en octobre et en décembre à l'implication de responsables syriens et libanais dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais. Par ailleurs, les révélations de l'ex-numéro deux de l'Etat syrien continuent à provoquer des réactions en chaîne à Damas, dont la dernière consiste en l'ouverture d'une enquête pour corruption contre lui. “Le Conseil des ministres va prendre les mesures nécessaires pour faire juger Khaddam pour haute trahison, et pour ouvrir une enquête sur son implication dans une série d'affaires de corruption avec une saisie de ses biens”, a révélé, hier, le quotidien officiel As-Saoura. Enfin, le parti Baas syrien a décidé d'exclure l'ancien vice-président Abdelhalim Khaddam. “La direction nationale a décidé d'exclure Khaddam du parti. Elle le considère comme un traître. Ses calomnies et ses mensonges violent les principes nationaux et patriotiques”, a affirmé le Baas dans un communiqué diffusé dimanche par l'agence officielle Sana. K. ABDELKAMEL