Des soldats américains continueront à effectuer des missions de combat en Irak et à affronter les militants islamistes, même si les forces américaines sont chargées désormais «de conseiller et d'aider» l'armée irakienne avec des effectifs réduits, selon des responsables américains. Le départ d'Irak jeudi de la dernière brigade de combat américaine, sept ans après la chute de Saddam Hussein, a été salué comme un geste symbolique en raison de la présence controversée des soldats américains. Mais, même si les 50 000 soldats américains restants n'auront pas formellement de mission de combat après le 1er septembre, ils seront bien armés et seront susceptibles d'essuyer les tirs des militants d'Al-Qaîda ou d'autres extrémistes. «Je ne pense pas que quiconque ait déclaré la fin de la guerre pour autant que je le sache», a déclaré le porte-parole du Pentagone, Geoff Morell. «Le contre-terrorisme fera encore partie de leur mission», a-t-il dit à propos de la lutte contre les extrémistes. Les 50 000 soldats restants opéreront au sein de six brigades chargées «de conseiller et d'aider» les forces irakiennes, prendront part à des opérations à la demande des autorités irakiennes et joueront un rôle d'appui auprès des unités irakiennes. Désormais, il reste 56 000 soldats américains en Irak. Les 6000 hommes de combat restants doivent avoir quitté l'Irak d'ici au 1er septembre. Ce départ survient en pleine crise politique en Irak, où les principaux partis n'arrivent pas à former un nouveau gouvernement cinq mois après les législatives, et au moment où les violences continuent d'ensanglanter le pays avec un attentat contre l'armée mardi qui a fait 59 morts à Baghdad. «Nous ne mettons pas fin à notre engagement en Irak. Nous allons avoir un important travail à faire. C'est une transition vers quelque chose de différent. Nous sommes engagés à long terme en Irak», a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley. «Les forces de sécurité irakiennes sont suffisamment prêtes pour faire face à la menace», a réagi le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh. «Nous devions choisir entre avoir une présence militaire étrangère à long terme sur notre sol ou faire le travail nous-mêmes. Nous avons choisi de faire le travail avec nos propres forces». Pourtant, le chef d'état-major irakien, le général Babaker Zebari, a averti le 11 août que le retrait total américain était prématuré, estimant que ses forces ne seraient pas en mesure d'assurer pleinement la sécurité avant 2020. La présence militaire américaine en Irak a atteint son pic en octobre 2007, lorsque plus de 170 000 GI's étaient sur le terrain à la suite de l'envoi de renforts décrété par le président George W. Bush. L'invasion, en mars 2003, s'était faite avec environ 130 000 hommes, un chiffre que le secrétaire à la Défense de l'époque, Donald Rumsfeld, se faisait fort de ramener promptement à moins de 50 000. Le contingent américain est passé à moins de 110 000 hommes au début de 2004, mais la dégradation de la situation a amené les généraux sur place à réclamer des renforts. A son arrivée au pouvoir au début de 2009, Barack Obama a entrepris de réduire la présence américaine en Irak tout en renforçant les troupes présentes en Afghanistan. Une plus grande place pour les sous-traitants Le nombre de personnes employées par des entreprises de sécurité privées et travaillant pour le compte de l'administration américaine en Irak va doubler pour atteindre 7000 après le départ des troupes de combat, a indiqué jeudi le département d'Etat. Le départ des dernières troupes de combat américaines du pays devrait être compensé en partie par les forces de sécurité irakiennes, mais «nous aurons encore nos propres besoins en matière de sécurité pour nous assurer que nos diplomates et nos experts en développement sont bien protégés», a expliqué le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley. Confirmant un article du New York Times, M. Crowley a indiqué à la presse que la plus grande partie des entreprises de sécurité allaient continuer à assurer des missions variées. «Nous avons des sous-traitants qui gardent notre ambassade, et nous aurons, comme c'est le cas aujourd'hui, des sous-traitants qui nous aident dans nos déplacements, assurent la sécurité personnelle de nos diplomates quand ils se déplacent dans le pays», a dit M. Crowley. Des responsables du département d'Etat ont également confirmé les chiffres avancés par le New York Times, selon lesquels les employés du secteur de la sécurité privée vont doubler en Irak, passant à 7000 environ. Il n'y a «pas de chiffre précis» mais «c'est le bon ordre de grandeur», ont-ils dit. Selon le quotidien new-yorkais, les sous-traitants seront déployés pour défendre cinq installations fortifiées qui resteront opérationnelles après le départ des troupes de combat. Citant des responsables de l'Administration sous couvert d'anonymat, le journal affirme que des agences de sécurité privées seront chargées de la surveillance radar, de la détection de bombes artisanales le long des routes et de vols de surveillance effectués par des drones. Elles pourraient aussi mettre en place des «équipes de réaction rapide» pour venir en aide à des civils en danger. La dernière brigade de combat américaine a quitté l'Irak dans la nuit de mercredi à jeudi, laissant derrière elle quelque 56 000 militaires qui devraient se retirer à leur tour d'ici la fin de l'année prochaine. Le New York Times affirme que 1200 tâches spécifiques assurées actuellement par les militaires américains ont été identifiées et devront être transférées aux civils américains ou aux autorités irakiennes, ou supprimées progressivement. Le département d'Etat se prépare à la nouvelle mission de ses représentants et prévoit en conséquence d'acheter auprès du Pentagone 60 véhicules résistant aux mines et de porter sa flotte de véhicules blindés à 1320. Il prévoit encore de passer d'un avion à trois et de 17 hélicoptères à 29, pilotés par des employés de sociétés privées.