L'abattage clandestin au marché hebdomadaire d'El Khroub bat son plein depuis le début du mois de Ramadhan. A une centaine de mètres de l'abattoir de cette ville, des clandestins venus, dit-on, notamment de Ain Fakroune et Ain Kercha, dans la wilaya de Oum El Bouaghi, investissent les lieux durant le week-end et pratiquent leur activité au mépris des règles sanitaires. Alignés l'un à côté de l'autre, ces fraudeurs se passent de l'estampille des services vétérinaires. Ils exposent, sous un soleil de plomb, les carcasses des caprins, qui viennent à l'instant de passer au fil tranchant. L'hygiène ne semble pas être vraiment un souci majeur pour certains consommateurs, qui achètent cette viande non contrôlée, pouvant être vecteur de plusieurs maladies parasitaires. Livrée aux flopées de mouches et à la poussière, la viande est vendue par morceaux à des prix accessibles, allant de 350 à 400 DA le kg. Certains espaces au souk sont libres pour pratiquer l'abattage clandestin, souligne un témoin oculaire, qui affirme que ces fraudeurs égorgent les bêtes au vu et au su de tout le monde, se croyant à l'abri des agents de la police, qui, regrettera-t-il, ferment l'œil «de temps à autres sur cette pratique frauduleuse».
Mais, par précaution, ajoutera notre interlocuteur, « ils se cachent entre les nombreux camions stationnés, transportant des bestiaux, et procèdent à leur sale besogne. Ils dépècent à la va-vite l'animal et enlèvent les viscères avant de les exposer sur des planchers encrassés». Nous avons constaté de visu la présence de têtes de caprins, fraîchement égorgés, dispersés çà et là. Interrogé à ce sujet, l'un de ces clandestins nous répond avec un air arrogant : «qu'elles restent ici, que voulez-vous que j'en fasse ?». Il finira par s'en débarrasser, histoire de parer à un éventuel contrôle inopiné des services de l'hygiène. Franchement, il y a de quoi en être offusqué. Une chose est sûre : une petite virée au souk d'El Khroub a de quoi dissuader plus d'un. De toutes les manières, l'abattage clandestin a bel et bien gagné du terrain en ce mois sacré. Le nombre des activités est effrayant si l'on se fie aux témoignages des citoyens. Les étals sont de plus en plus nombreux dans ce marché populaire, captivant particulièrement les foyers à revenu modeste en dépit des risques encourus.