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«Il n'y a que la Wilaya III qui a rendu des comptes à l'indépendance» Le fils du colonel Mohand Oulhadj ouvre le débat sur le patrimoine matériel de l'ALN
La recherche de la vérité sur l'histoire de la guerre de l'indépendance ne cesse pas de s'amplifier et toucher chaque fois à de nouvelles questions. Après les interrogations et les contradictions sur la disparition de certaines figures de proue du mouvement national, des événements stratégiques comme le congrès de la Soummam et autres, le débat est désormais lancé sur le patrimoine matériel de l'Armée de libération nationale et son devenir à l'indépendance du pays. Le fils du colonel Mohand Oulhadj vient ainsi d'ouvrir une brèche en affirmant que «seule la Wilaya III historique a rendu des comptes à l'indépendance du pays». Documents d'archives à l'appui, cet ancien officier de l'ALN fera le décompte des objets de valeur et des sommes d'argent que son père, ayant commandé la Wilaya III de 1959 à l'indépendance, a remis aux services de la présidence de la République sous le règne de Ben Bella, au lendemain du recouvrement de la souveraineté nationale. On saura ainsi que le successeur du colonel Amirouche a remis aux «envoyés spéciaux» du premier président de l'Algérie indépendante la somme de 4 millions de francs français, une somme colossale, lorsque l'on sait qu'elle est calculée en nouveau franc, soit l'équivalent de 400 millions d'anciens francs, est-il précisé sur le document portant le cachet de la présidence de la République. Outre l'argent, le trésor de la Wilaya III historique remis par le colonel Mohand Oulhadj à la présidence en 1964 comprend également «46 lingots d'or d'un kilogramme, 44 pièces d'argent de 5 francs, une paire de bracelets d'or, un tour de cou avec une pièce de 50 francs en or, 84 pièces d'or de 10 francs et 9278 pièces de 20 francs en or» ainsi que d'autres bijoux et objets de valeur. Si Mohand Saïd Akli qui, lui également, a fait les maquis de la Wilaya III aux côtés de son père, se souvient qu'«en 1964, le colonel Mohand Oulhadj, alors qu'il était dans les rangs de l'ANP, a appelé la présidence de la République pour la restitution de ce qui fut le trésor de la Wilaya III historique. C'est ainsi que Abdelmadjid Chikhi, secrétaire général de Ben Bella au bureau politique du FLN à l'époque, a été dépêché chez nous, et c'est à lui que mon père a remis le patrimoine qu'il avait à son niveau contre un récépissé dûment signé et portant le cachet de la présidence». Interrogé sur la provenance de ce trésor, l'ancien officier de la Wilaya III précisera que «globalement, ce sont des biens qui appartiennent au peuple, ce sont généralement des dons et des cotisations de la population pour le compte de l'ALN». En revanche, «il faut dire que lorsque le colonel Mohand Oulhadj a décidé de remettre ce trésor à l'Etat, les clans de l'opposition de l'époque, et ce n'est pas la peine de les citer, ont été contre et n'ont pas voulu que ce trésor soit remis au pouvoir». En outre, il y a lieu de noter que le 18 août 2010, Nordine Aït Hamouda, lors d'une visite qu'il a effectuée au Musée du moudjahid de M'douha (Tizi Ouzou), a évoqué le trésor de la Wilaya III historique en déclarant qu'«avant son départ vers Tunis, le colonel Amirouche a laissé au colonel Mohand Oulhadj qu'il a désigné comme intérimaire, des documents, de l'argent et de l'or». Depuis, le débat connaît des retentissements sur non seulement le trésor de la Wilaya III mais tout le patrimoine matériel de l'ALN et le sort qui lui a été réservé à l'indépendance du pays. En juillet dernier, Mohand Saïd Akli a publié aux éditions le Savoir un livre biographique sur le parcours du colonel Mohand Oulhadj et le climat à travers les maquis de la Wilaya III historique de 1959 à l'indépendance sous le titre de Akli Mohand Saïd raconte Amghar. Lequel livre dont la préface a été faite par une autre figure de l'ALN, en l'occurrence Cherif Ould Elhocine, ancien officier de la Wilaya IV, connu pour son rejet catégorique de toute forme de compromis et dont les témoignages sur le colonel Mohand Oulhadj ne laissent pas indifférent. Mohand Saïd Akli a fait savoir aussi qu'un deuxième livre sur le colonel Mohand Oulhadj de l'indépendance jusqu'à sa mort en 1972 sera publié prochainement. Une publication qui dévoilera sans doute des vérités sur les engagements de l'ex-commandant de la Wilaya III après l'indépendance lorsqu'il s'est engagé dans les maquis du FFS en 1963 avant de rejoindre les rangs de l'ANP.