La contribution de Mourad Kezzar sur la «féroce attaque contre la destination Algérie par le Petit Futé», publiée dans nos colonnes, a suscité plusieurs réactions. Le site web du journal a reçu plusieurs commentaires à ce sujet. Jean-Paul Labourdette, directeur de la collection du Petit Futé, a choisi le site Rue89 pour dire son «étonnement» vis-à-vis de cette polémique. A ses yeux, il faut «s'intéresser à l'intégralité de l'ouvrage. Ça n'a rien de stigmatisant. Je ne vois pas pourquoi l'auteur n'aurait pas le droit d'écrire l'analyse qu'il fait de la société algérienne telle qu'il l'a ressentie. Une partie des extraits critiqués figuraient d'ailleurs dans les éditions précédentes et il n'y a jamais eu de problème». Il ajoute qu'«il ne voit pas pourquoi on ne pourrait pas décrire notre vision. Surtout que des dizaines d'articles dans la presse européenne relatent ces faits, par exemple sur la situation des femmes, la corruption, le système économique du pays». Le patron du guide précise qu'à l'occasion de la cinquième édition, à paraître d'ici quelques semaines, «deux ou trois phrases seront peut-être modifiées», à la marge, mais pas «ce qui rend compte de réalités factuelles». Pour atténuer les critiques, l'éditeur sort un nouvel argument : le guide est le seul à «faire la promotion de l'Algérie» et cela malgré le fait que «le Quai d'Orsay nous l'a même parfois reproché». Un internaute pense plutôt que Mourad Kezzar est un manipulateur (imputation du texte contre-sens exagération mensongère). «L'auteur est un professionnel du tourisme qui était cité dans les précédentes éditions (dont le contenu «scandaleux» n'est pas différent de l'édition incriminée) du Petit Futé, mais qui a disparu dans l'actuelle d'où son courroux. Nous assistons à un petit règlement de comptes par un appel abusif du nif et du patriotisme algériens. Une vulgaire vengeance. C'est inadmissible !» Kezzar a sorti des phrases de leur contexte et les a tronquées à plusieurs reprises, pensent certains. S'il est vrai que le guide n'est parfois pas tendre avec les hommes algériens, on a une description idyllique du pays, très positive des paysages des gens et des lieux. Les extraits donnés dans cet article collés les uns aux autres occultent totalement le bilan plutôt positif de l'ouvrage. Un lecteur a relevé le fait que le rôle d'un guide «n'est pas de plomber le tourisme, mais plutôt d'encourager le dépassement des frontières», même s'il se doit de «décrire au mieux ce que le touriste doit découvrir, il doit le faire avec diplomatie». Dans certains pays où il s'est rendu, «la saleté et l'intolérance existaient aussi, mais aucune méchanceté de ce genre n'a jamais été notifiée dans les guides». D'un point de vue sociologique, il serait intéressant de connaître les réels fondements de ce type d'opinion et surtout de cette vision, voire de cette illusion sans jeu de mots. Nous contemplons les mêmes choses, mais nous les interprétons différemment... Mais au-delà des versions données, un problème de fond est posé : quelle est la place de la destination Algérie ? Le tourisme est-il une priorité du gouvernement ou un secteur qui change de ministre tous les deux ans en moyenne sans qu'on ne décèle le changement tant attendu ? Un internaute a fait la réflexion suivante : «On est à la traîne, non seulement, on n'arrive pas à attirer les touristes étrangers, mais on a réussi à faire fuir les Algériens de leur pays : plus d'un million d'Algériens se sont déplacés en Tunisie pour passer leurs vacances.» Un autre internaute enfonce le clou : «Le petit est vraiment... futé. Tout ce qu'il décrit est la vérité, pourquoi se mentir ? Au contraire, ce sont ce genre de critiques qui devrait nous faire voir nos erreurs, ce ne sont ni plus ni moins que des critiques constructives, mais nous Algériens, nous avons pris l'habitude de ne pas accepter les conseils de bonne volonté. Comme si on vivait dans un paradis et que ce monsieur du Petit Futé voulait couler notre si énorme économie du tourisme ou que nos hommes n'avaient aucune frustration de quel type que ce soit (travail, argent, sexe, religion).» La polémique doit inciter les dirigeants à prendre conscience que le tourisme est basé sur l'image, sur tout ce qui donne envie de visiter et de rencontrer les gens. S'il y avait un effort à faire en Algérie, c'est à notre sens celui-là.