La localité de Ben Haddou manque des commodités les plus élémentaires, surtout l'accès à l'eau potable, une route praticable et des moyens de transport. Fondée dans les années 1970 dans le sillage de la politique des villages agricoles, Ben Haddou, une bourgade peuplée de plus de 2000 habitants et relevant de la daïra de Ouzera, dans la wilaya de Médéa, reste en marge du développement, si ce n'est la réalisation, ces deux dernières années, d'une cité «dortoir» de 57 logements. C'est le seul programme de logements sociaux, faut-il le noter, dont a bénéficié cette bourgade en presque 40 ans d'existence, alors que sa population a presque triplé. D'aucuns témoignent que ce village était jadis entouré de vignobles, d'arbres fruitiers, de chênes verts, de conifères… Ils déplorent l'état de décrépitude qui caractérise actuellement les lieux. Quelques cèdres qui entourent la mosquée du village résistent encore. Des chemins dévastés, des trottoirs grignotés et des décharges sauvages pointent ça et là. On y compte déjà quatre points de dépôts d'ordures qui ne cessent de grossir. Certaines ruelles ont été même barrées par des habitants qui en ont fait une propriété privée. Et dire que dans les années 1970 et 1980, le site attirait un important flux d'estivants parmi la communauté des coopérants qui était installée en Algérie. «Ils étaient nombreux, accompagnés de leur progéniture, à venir pique-niquer dans la forêt de Boussena, à Kaf Ghrab (la falaise du Corbeau) et Oued Bouhnache qui recèle encore, fort heureusement, une importante richesse piscicole. Mais vu la démographie galopante et l'urbanisation anarchique des coteaux qui surplombent la vallée de l'oued Bouhnache, conserver la biodiversité piscicole dans cette rivière nécessite la réalisation d'une station d'épuration des eaux usées pour réduire les sources de pollution», nous disent des habitants de la région. Pour les nostalgiques, Ben Haddou a plutôt sombré dans la décrépitude. «Les problèmes ne font que s'amplifier. Il n'y a rien dans ce village, sauf trois épiciers, une annexe d'APC et une cafeteria pour tuer le temps. Si vous voulez faxer un simple document, il faut se déplacer à plus de 12 km. Il y a ni pharmacien, ni boulangerie, ni bureau de poste, ni cybercafé…», déplore un villageois. A cela vient s'ajouter le manque de commodités les plus élémentaires. L'alimentation en eau potable (AEP) constitue un souci permanent pour les habitants. D'ailleurs, en ce mois sacré de Ramadhan, les habitants de Ben Haddou ont vu leurs robinets être souvent secs. Heureusement que des points d'eau existent pour pallier partiellement cette pénurie d'eau qui perdure depuis plusieurs années. La plupart des transporteurs en commun boudent cette localité en raison de la défectuosité du réseau routier. «De Blida à Ouzera, sur 50 km vous mettez 50 minutes. Paradoxalement, d'Ouzera vers Ben Haddou sur trois km seulement, vous pouvait passer une heure et parfois plus», affirme un habitant de la localité de Ben Haddou. Il y a plus d'un mois, cette crise du transport a été à l'origine d'un mouvement de protestation. Des manifestants ont hué le P/APC de la commune d'Ouzera, l'accusant de n'avoir fait aucun effort depuis son installation, pour améliorer la situation et le cadre de vie dans la localité de Ben Haddou. Le projet de réhabilitation du chemin de Boussena au lieu-dit l'Estrade, piétine depuis des années et ressemble plutôt à un chantier éternel. Les problèmes d'effondrement risquent d'être d'autant plus graves en ce lieu, si des mesures ne sont pas prises en prévision des pluies torrentielles qui caractérisent généralement la saison d'automne dans cette région. Par ailleurs, cette localité enregistre un fort taux de chômage et les jeunes s'y retrouvent ainsi livrés à l'oisiveté. La dégradation du cadre de vie a obligé plus d'un à partir vers d'autres communes et même hors wilaya en quête de travail et de meilleures conditions de vie. A souligner enfin que le premier responsable de l'APC, que nous avons sollicité à maintes reprises, n'a pas daigné fournir de réponses à nos questions.