L'Algérie compte faire du lobbying au sein de l'ONU et de ses institutions chargées de la lutte contre le terrorisme pour criminaliser le paiement des rançons et l'élargissement des détenus, en contrepartie de la libération d'otages. C'est que nous avons appris de sources diplomatiques qui précisent que cette «revendication entre dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme et son renforcement en capacité humaine». C'est ainsi que la prochaine réunion de l'Assemblée générale de l'ONU, prévue le 8 septembre prochain à New York, sera consacrée à la révision bi-annuelle de la stratégie internationale de lutte contre le terrorisme. Celle-ci, faut-il le rappeler, a été adoptée par les Etats membres de l'ONU le 8 septembre 2006 et constitue une plateforme commune qui leur permettra d'intégrer les initiatives des entités de l'ONU chargées de la lutte antiterroriste et des questions qui y sont liées. Elle vient en appui à l'action concrète de l'équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (Task Force ou CTITF), créée par le secrétaire général en juillet 2005, afin de garantir la coordination globale entre l'ensemble des initiatives antiterroristes du système des Nations unies. En juin 2009, cette équipe a été institutionnalisée au sein de l'ONU à travers la création d'un secrétariat de la CTITF au sein du département des affaires politiques (DAP). La CTITF a pour objectif de stimuler et de mobiliser les initiatives antiterroristes de diverses entités des Nations unies, afin d'aider les Etats membres à mettre en œuvre la stratégie mondiale qui repose, faut-il le souligner, sur quatre piliers, les mesures visant à éliminer les causes propices à la propagation du terrorisme, à prévenir et combattre le terrorisme, étoffer les moyens des Etats pour lutter contre ce fléau et renforcer le rôle joué dans ce sens par les Nations unies et enfin garantir le respect des droits de l'homme. A ce titre, l'Algérie, qui fait face à un terrorisme transnational, va présenter sa stratégie de lutte qui, selon nos sources, «est conforme aux principes régissant celle de l'ONU». De ce fait, la délégation algérienne va profiter de l'occasion pour faire état de la situation inquiétante qui prévaut dans la région sahélo-saharienne, notamment avec les enlèvements d'Occidentaux et la multiplication des attentats terroristes et plaider ainsi «la criminalisation des paiements des rançons et l'élargissement des détenus en contrepartie de la libération des otages». Pour nos interlocuteurs, «il est question d'appeler à des procédures concrètes pour sanctionner les pays qui ne respectent pas les actes de la stratégie en rendant ces derniers contraignants». Ces revendications seront également débattues lors du forum qui s'ouvrira le 7 septembre prochain à New York, et qui sera consacré justement à la stratégie onusienne de lutte contre le terrorisme. Organisée par l'International Peace Institut (IPI), en coordination avec le CTITF (organisme onusien), le CGCT (the Center On Global Counterterrorisme Corporation), la mission permanente de l'Algérie aux Nations unies et la Suisse, cette rencontre de trois jours permettra à un panel de spécialistes onusiens et internationaux de discuter des actes de la stratégie antiterroriste adoptée par l'ONU. Une aubaine pour l'Algérie, «pour convaincre les participants de la nécessité de sanctionner le paiement des rançons et l'élargissement des détenus, sur la base des événements qui se succèdent au Sahel et qui isolent la population de cette région du monde de l'aide humanitaire internationale, qui lui permet de survivre. Il est clair que les activités d'Al Qaîda au Sahel, les prises d'otage et les libérations successives de détenus ont fait fuir les Occidentaux qui travaillent en majorité au sein d'organismes humanitaires». Selon nos sources, l'Algérie «a déjà obtenu l'appui de nombreux pays occidentaux qui la soutiennent dans sa demande et il n'est pas exclu que la communauté internationale la suive dans sa démarche».