A Annaba, il ne se passe pas un jour sans que l'on ait à enregistrer des agressions de personnes au moyen de bombes lacrymogènes. Bon nombre de victimes s'adressent aux services de police territorialement compétents afin de déposer plainte contre X pour agression et vol. D'autres, ayant réussi à fuir et bien que choqués par la menace de l'arme blanche qui leur avait été plantée à la hanche ou sous le cou, préfèrent se limiter à raconter à leurs proches ce qui leur est arrivé. Au même moment, les services de police, particulièrement ceux ayant à charge les quartiers Saint Thérèse, Kouba, Gassiot et Beauséjour inférieur et supérieur semblent préférer la fraîcheur de leurs commissariats respectifs. Pour avoir refusé de remettre un chardonneret, Hirèche Walid, 19 ans, avec son petit frère Mohamed, 7 ans, ont failli y laisser leur peau. Walid s'en est tiré avec six grandes et profondes balafres sur ses deux joues. A hauteur du consulat de France, Tahar Saâdi, 23 ans, a réussi à échapper après avoir été attaqué à la bombe lacrymogène et plaqué au sol par quatre agresseurs armés de couteaux. Ce dimanche 22 août, à hauteur du CEM Benboulaïd, et à quelques mètres de la clinique pédiatrique Saint Thérèse, Adel B., 30 ans, est arrivé à se défaire de deux agresseurs qui l'ont attaqué à l'arme blanche et à la bombe lacrymogène. Quelques jours auparavant, à quelques mètres de son domicile, à la cité Mont Plaisant, Harez Nacer, un père de famille, avait été roué de coups et laissé pour mort par quatre individus. Aux commissariats de police, la réponse est toujours la même : « Nous n'avons pas les moyens de nous déplacer. Cherchez vos agresseurs et, si jamais vous arrivez à les retrouver, venez nous voir », a indiqué Mme Harez, sœur de la victime, qui s'est présentée à notre rédaction. Ce ne sont ici que quelques exemples d'agression sur la centaine quotidiennement enregistrée dans le périmètre de la commune du chef-lieu de wilaya avec ses gares routières, son port, son cours de la Révolution et sa corniche, des sites très fréquentés en période estivale. C'est dire que ces derniers mois, Annaba est devenue la capitale de la délinquance, du banditisme, de la drogue, de la contrefaçon, de la falsification et de la confection de faux documents officiels. Les vols de voitures, les cambriolages et la prostitution se sont transformés en actes banaux. Le citoyen semble se faire à l'idée que dans cette wilaya, également soumise à tous les trafics d'influence et de corruption, on n'est en sécurité nulle part. Et si à ce stade-là, les mêmes services de police donnent l'impression d'être dépassés, il n'en est pas de même concernant le contrôle des automobilistes, notamment les touristes qui font l'objet de toutes les tracasseries, soumis au zèle de certains policiers. Ces automobilistes sont interpellés comme s'ils étaient des délinquants. Nullement inquiétés, ces derniers, pourtant identifiés plusieurs fois et fréquentant les milieux censés être sous contrôle de la police, ne sont jamais interpellés. Dans cette wilaya, il est interdit de sortir accompagné de sa fiancée ou de son épouse, en voiture récente, de parler au portable, de porter un sac, un bijou ou de faire du lèche-vitrine pour d'éventuels achats et, surtout, de se rendre à la poste ou dans une banque pour un dépôt ou retrait d'argent. Les malfrats sont toujours aux aguets et n'hésitent pas à attaquer à l'aide de couteaux et bombes lacrymogènes. Ceux qui sont censés assurer « la sécurité des biens et des personnes » auraient d'autres préoccupations que celle qui consiste à accomplir la mission impartie.