Les élèves reprendront demain, lundi, le chemin de l'école après une période de vacances écourtée cette année par le mois de Ramadhan qui a incité les familles à organiser les leurs en conséquence. Les parents, surtout ceux qui ont plusieurs enfants scolarisés, appréhendent toujours la rentrée scolaire, synonyme de dépenses et de sacrifices financiers difficiles à supporter pour les bourses plates ou modestes. Les injustices sociales et l'inégalité des chances commencent déjà au seuil de l'école quand on voit, d'un côté, des élèves éprouvant les pires difficultés à réunir le minimum des fournitures scolaires exigé, même en se contentant d'articles de bas de gamme et, de l'autre, des enfants exhibant fièrement cartables et articles scolaires de grandes marques made in. Cette hiérarchisation sociale dont on ne parle pas beaucoup est un élément tout aussi déterminant que les capacités intrinsèques de chaque élève qui influera positivement ou négativement sur le parcours scolaire de l'enfant. Quoi qu'il est faux de penser qu'il existe un lien dialectique entre ceci et cela, entre le rang social et la réussite scolaire. Un enfant qui se fait accompagner par ses parents dans une belle voiture, qui mange à la cantine de l'école, qui possède un téléphone mobile dernier cri même s'il n'a pas l'âge mature pour cela, qui a passé de belles vacances à l'étranger ou quelque part en Algérie n'est pas forcément prédestiné à obtenir les meilleurs résultats scolaires. Il reste que la prime scolaire octroyée par l'Etat et les aides sporadiques attribuées ici et là sous forme de don de bus pour le transport scolaire, de distribution à titre gracieux de livres scolaires pour les nécessiteux demeurent insignifiantes pour donner un sens à la démocratisation de l'école qui sera un slogan creux si les enfants n'ont pas les mêmes chances en termes d'accès aux moyens matériels et didactiques menant à l'instruction et au savoir. Ou à tout le moins si l'on ne veille pas à ce que les disparités soient moins pesantes pour les catégories sociales défavorisées. A cette angoisse récurrente devant la liste des fournitures scolaires et face aux autres dépenses incompressibles qui est le lot de chaque rentrée scolaire se surajoute depuis quelques années une inquiétude qui hante les esprits des parents d'élèves qui demeurent attentifs aux soubresauts agitant le secteur de l'éducation et l'école algérienne. Les conditions pédagogiques dans lesquelles intervient cette nouvelle rentrée scolaire n'incitent guère à l'optimisme avec les menaces de grève émanant des syndicats autonomes de l'éducation et des intendants des établissements scolaires. Le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, menace de sévir contre les grévistes. Le moins que l'on puisse dire est que le climat est loin d'être apaisé au sein de la famille de l'éducation. Pour le ministère de tutelle, le dossier des revendications socioprofessionnelles des personnels de l'éducation est réglé et définitivement clos. Les syndicats font une autre lecture moins euphoriques des résultats auxquels sont parvenues les deux parties et remettent sur le tapis la question du statut de l'enseignant globalement et dans le détail. Paradoxalement, c'est dans ce climat délétère que le ministre de l'Education exige des chefs d'établissement scolaire de l'efficacité et des résultats en les soumettant à des contrats de performance.